présenté par Audi

La Neuvième de Beethoven

Shelley dirige Andrew Balfour et Anna Clyne

2024-06-19 20:00 2024-06-20 22:20 60 Canada/Eastern 🎟 CNA : La Neuvième de Beethoven

https://nac-cna.ca/fr/event/33733

Événement en personne

Ludwig van Beethoven a chamboulé le monde de la musique classique de multiples façons. Sa Symphonie no 9, l’« Ode à la joie », est une œuvre radicale : la première symphonie à comporter du chant. Et quel chant cela a été! Glasslands d’Anna Clyne est une commande conjointe de l’Orchestre symphonique de Detroit, de BBC Radio 3, l’Orchestre du Centre national des...

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Salle Southam ,1 rue Elgin,Ottawa,Canada
19 - 20 jun 2024

≈ 2 heures et 20 minutes · Avec entracte

Nos programmes sont passés au numérique.

Balayez le code QR à l’entrée de la salle pour lire les notes de programme avant le début du spectacle.

Dernière mise à jour: 19 juin 2024

Programme

ANDREW BALFOUR ᓂᔭ niya  (« Je suis »)  (10 min) 

Société chorale d’Ottawa 

ANNA CLYNE Glasslands* (25 min) 

Jess Gillam, saxophone 

ENTRACTE 

LUDWIG VAN BEETHOVEN Symphonie no 9 en ré mineur, op. 125 (67 min) 
I. Allegro ma non troppo un poco maestoso 
II. Molto vivace – Presto 
III. Adagio molto e cantabile 
IV. Finale : Presto – Allegro assai 

Kirsten MacKinnon, soprano 
Allyson McHardy, mezzo-soprano 
Andrew Haji, ténor 
William Thomas, basse 
Societé chorale d’Ottawa

*Première canadienne 

Textes et Traductions

ᓂᔭ niya

Niya 
Hiy Hiy 
Mawihkatamowin 
Pimoheskanawon 
Kookum 
Pakaskitawew 
Wekimakasikan 
Kihewataniy 
Niya 

Texte en cri compilé par Andrew Balfour  

« Je suis » 

je suis 
remercier 
pleurer, être en deuil 
il ou elle suit toujours le même chemin 
grand-mère 
il ou elle l’entend 
purification par la fumée 
plume d’aigle 
je suis 

Beethoven Symphonie no 9

« Ode an die Freude »

Basse (récitatif) 
O Freunde, nicht diese Töne! 
Sondern laßt uns angenehmere 
anstimmen, und freudenvollere! 

Solistes et chœur 
Freude, schöner Götterfunken, 
Tochter aus Elysium, 
Wir betreten feuertrunken, 
Himmlische, dein Heiligtum. 
Deine Zauber binden wieder, 
Was die Mode streng geteilt; 
Alle Menschen werden Brüder, 
Wo dein sanfter Flügel weilt. 

Wem der große Wurf gelungen, 
Eines Freundes Freund zu sein, 
Wer ein holdes Weib errungen, 
Mische seinen Jubel ein! 
Ja, wer auch nur eine Seele 
Sein nennt auf dem Erdenrund! 
Und wer’s nie gekonnt, der stehle 
Weinend sich aus diesem Bund! 

Freude trinken alle Wesen 
An den Brüsten der Natur; 
Alle Guten, alle Bösen 
Folgen ihrer Rosenspur. 
Küsse gab sie uns und Reben, 
Einen Freund, geprüft im Tod; 
Wollust ward dem Wurm gegeben, 
Und der Cherub steht vor Gott. 

Ténor et chœur 
Froh, wie seine Sonnen fliegen 
Durch des Himmels prächt’gen Plan, 
Laufet, Brüder, eure Bahn, 
Freudig, wie ein Held zum Siegen. 

Freude, schöner Götterfunken, etc. 

Chœur 
Seid umschlungen, Millionen! 
Diesen Kuß der ganzen Welt! 
Brüder! Über’m Sternenzelt 
Muß ein lieber Vater wohnen.

Ihr stürzt nieder, Millionen? 
Ahnest du den Schöpfer, Welt? 
Such’ ihn über’m Sternenzelt! 
Über Sternen muß er wohnen. 

Freude, schöner Götterfunken, etc. 
Seid umschlungen, Millionen! Etc. 
Ihr stürzt nieder, Millionen? Etc. 

Solistes et chœur
Freude, Tochter aus Elysium, etc. 

Alle Menschen warden Brüder, 
Wo dein sanfter Flügel weilt. 

Chœur
Seid umschlungen, Millionen! 
Diesen Kuß der ganzen Welt! 
Brüder! Über’m Sternenzelt 
Muß ein lieber Vater wohnen. 
Seid umschlungen! 
Diesen Kuß der ganzen Welt! 
Freude, schöner Götterfunken! 
Tochter aus Elysium! 
Freude, schöner Götterfunken!

Texte original allemand : Friedrich Schiller

« Ode à la joie » 

Basse (récitatif) 
Mes amis, cessons nos plaintes! 
Qu’un cri joyeux élève aux cieux 
nos chants de fêtes et nos accords pieux! 

Solistes et chœur 
Joie! Belle étincelle des dieux 
Fille de l’Élysée, 
Nous entrons l’âme enivrée 
Dans ton temple glorieux. 
Tes charmes lient à nouveau 
Ce que la mode en vain détruit; 
Tous les hommes deviennent frères. 
Là où tes douces ailes reposent. 

Que celui qui a le bonheur 
D’être l’ami d’un ami; 
Que celui qui a conquis une douce femme, 
Partage son allégresse! 
Oui, et aussi celui qui n’a qu’une âme 
À nommer sienne sur la terre! 
Et que celui qui n’a jamais connu cela s’éloigne 
En pleurant de notre cercle! 

Tous les êtres boivent la joie 
Aux seins de la nature, 
Tous les bons, tous les méchants, 
Suivent ses traces de rose. 
Elle nous donne les baisers et la vigne, 
L’ami, fidèle dans la mort, 
La volupté est donnée au ver, 
Et le chérubin est devant Dieu. 

Ténor et chœur 
Heureux, tels les soleils volent 
Sur le plan vermeil des cieux 
Courez, frères, sur votre voie, 
Joyeux, comme un héros vers la victoire. 

Joie! Belle étincelle des dieux, etc. 

Chœur 
Qu’ils s’enlacent tous les êtres! 
Un baiser au monde entier! 
Frères, au plus haut des cieux 
Doit habiter un père aimé. 

Tous les êtres se prosternent? 
Pressens-tu le créateur, Monde? 
Cherche-le au-dessus des cieux d’étoiles! 
Au-dessus des étoiles il doit habiter. 

Joie! Belle étincelle des dieux, etc. 
Qu’ils s’enlacent tous les êtres! etc. 
Tous les êtres se prosternent? etc. 

Solistes et chœur 
Joie! Fille de l’Élysée, etc. 

Tous les hommes deviennent frères. 
Là où tes douces ailes reposent. 

Chœur 
Qu’ils s’enlacent tous les êtres! 
Un baiser au monde entier! 
Frères, au plus haut des cieux 
Doit habiter un père aimé. 
Qu’ils s’enlacent! 
Un baiser au monde entier! 
Joie! Belle étincelle des dieux!
Fille de l’Élysée! 
Joie! Belle étincelle des dieux!

Répertoire

ANDREW BALFOUR

ᓂᔭ niya (« Je suis »)

D’origine crie, Andrew Balfour (né en 1967) est un compositeur, chef d’orchestre, chanteur et concepteur de son novateur, riche d’un vaste répertoire d’œuvres chorales, instrumentales, électroacoustiques et orchestrales, dont Take the Indian (une méditation vocale sur les enfants disparus), Empire Étrange : La mort de Louis Riel, Bawajigaywin (Vision Quest) et le poème symphonique Manitou Sky. Son opéra autochtone, Le Royaume de Michabous, lui a été commandé par l’Atelier lyrique de l’Opéra de Montréal et le Highlands Opera Workshop, et a été créé en 2017. De nombreuses organisations lui ont commandé des œuvres, notamment les orchestres symphoniques de Winnipeg, de Regina et de Toronto, Tafelmusik, le Toronto Mendelssohn Choir, les Winnipeg Singers, le Kingston Chamber Choir et Camerata Nova. Ses œuvres ont été interprétées ou diffusées à l’échelle locale, nationale et internationale. Andrew Balfour est également le fondateur, le concepteur et le directeur artistique du groupe vocal avant-gardiste Camerata Nova, qui présente depuis 1996 des concerts vocaux de musique de chambre ancienne, contemporaine et d’inspiration autochtone aux publics d’ici et d’ailleurs. 

Passionné d’éducation musicale et de rayonnement, le compositeur a œuvré pendant sept ans auprès des écoles des réserves du nord et du centre-ville de Winnipeg, au nom du Centre national des Arts, de Camerata Nova, de l’Orchestre symphonique de Winnipeg et de différents districts scolaires. Il a aussi été conservateur et compositeur en résidence des festivals autochtones de l’Orchestre symphonique de Winnipeg en 2009 et 2010. En 2007, il a reçu le prix Making a Mark du Conseil des arts de Winnipeg, qui récompense un artiste de la ville dont la carrière est en plein essor. 

Fruit d’une commande de l’Orchestre philharmonique de Calgary, Niya a été créé par l’Orchestre et le chœur philharmoniques de Calgary en septembre 2022. Le compositeur décrit Niya, une pièce conçue pour accompagner la Neuvième symphonie de Beethoven, en ces termes : 

[...] il s’agit d’un poème symphonique écrit dans une perspective crie. Cette œuvre est un périple (Ispiciwin) qui explore les esprits de mes ancêtres à travers les forces orchestrales et chorales. C’est une expédition à la découverte de soi et des esprits cachés touchant les anciennes médecines, les cérémonies, la musique et la terre des prairies, où mes ancêtres ont vécu et prospéré pendant des milliers d’années jusqu’à ce qu’ils aient été presque anéantis, eux et leurs esprits, par le contact avec les colons. Niya exprime une tristesse mêlée d’espoir pour l’avenir de tous les peuples autochtones de la Terre mère, en particulier ceux de l’île de la Tortue. 

Notice biographique et note de programme compilées par Hannah Chan-Hartley (traduit de l’anglais) 

ANNA CLYNE

Glasslands

Décrite comme une « compositrice aux dons hors du commun et aux méthodes inusitées » dans un portrait que lui consacrait le New York Times, et qualifiée d’« intrépide » par NPR, Anna Clyne (née en 1980), finaliste aux prix Grammy, est l’une des compositrices les plus en vue de la scène actuelle, œuvrant avec des orchestres, des chorégraphes, des cinéastes et des visualistes dans le monde entier. Elle est classée par Bachtrack au rang des dix compositrices et compositeurs contemporains les plus joués au monde, et le site affirme qu’elle est la compositrice britannique vivante la plus jouée en 2022 et 2023. Sa musique a été commanditée et présentée par certaines des plus dynamiques et prestigieuses institutions artistiques de la planète, dont le Barbican, le Carnegie Hall, le Kennedy Center, la Philharmonie de Los Angeles, le MoMA, la Philharmonie de Paris, l’Orchestre du Royal Concertgebouw, le ballet de San Francisco et l’Opéra de Sydney, et plusieurs de ses compositions ont donné le coup d’envoi à des événements aussi importants que le Festival international d’Édimbourg, Last Night of the Proms, et la saison 2021-2022 de l’Orchestre philharmonique de New York.

En 2023-2024, elle œuvre comme compositrice en résidence auprès de l’Orchestre philharmonique d’Helsinki, à titre de membre de l’équipe artistique de l’ensemble; elle est également compositrice en résidence de l’Orchestre philharmonique de la BBC et artiste en résidence de l’Orchestre symphonique de Castilla y León. Les enregistrements de sa musique sont distribués sous différentes étiquettes, et ses œuvres Prince of Clouds et Night Ferry ont été finalistes aux prix Grammy en 2015.

Anna Clyne a écrit plusieurs concertos, collaborant avec des solistes de renom comme Jeremy Denk, Martin Fröst, Pekka Kuusisto, Yo-Yo Ma et, dans le cas de Glasslands (composé en 2022), la saxophoniste Jess Gillam. Elle a révélé, dans un entretien accordé à Arts Desk (mars 2023), que pendant la composition de ces œuvres, elle a « passé du temps à contempler le rôle de soliste par rapport à l’orchestre, et à vouloir briser cette déconnexion – il s’agit toujours d’un dialogue, mais d’un échange plus collaboratif plutôt que d’une bataille entre l’instrument soliste et l’orchestre ». Cet aspect collaboratif va jusqu’à « essayer de capturer l’esprit musical de l’instrumentiste soliste », comme l’a expliqué la compositrice à Gary Graff (The Oakland Press, février 2023). « Avant d’écrire la moindre note », précisait-elle, « j’ai écouté de nombreux enregistrements de Jess et j’ai été immédiatement frappée par la gamme d’émotions qu’elle communique à travers son jeu, et j’ai alors su que je voulais écrire une pièce qui couvre un large territoire émotionnel et sonore. La personnalité musicale de Jess est également effervescente, c’est pourquoi j’ai voulu que le morceau comporte des passages ludiques. » 

Glasslands, selon les mots de la compositrice, « évoque un monde imaginaire composé de trois royaumes gouvernés par la banshee – un esprit féminin qui, dans le folklore irlandais, annonce la mort d’un membre de la famille, généralement en gémissant, en criant ou en grinçant dans le silence de la nuit. » Dans la première partie, le saxophone s’élance dans « une ample envolée marquée wailing (« gémissant ») [qui] libère la banshee »; c’est une des nombreuses techniques étendues sur le saxophone soprano que Jess Gillam a montré à la compositrice dans le cadre de leurs rencontres, et qui ont finalement été intégrées au concerto. Du point de vue de la saxophoniste, ainsi qu’elle s’en est ouverte à Gemma Peacocke (dans le cadre de l’émission I care if you listen), « la façon dont [Anna Clyne] a permis au saxophone de chanter et de s’envoler dans Glasslands, tout en utilisant son côté plus rauque et plus puissant, est très amusante à jouer (en plus de poser un défi stimulant!). Les premières notes de saxophone transpercent vraiment la pièce et ouvrent la porte de ce monde mystique qu’elle a créé. » 

Le concert de ce soir marque la première canadienne de Glasslands. L’œuvre est le fruit d’une commande conjointe de l’Orchestre symphonique de Detroit, de BBC Radio 3, de l’Orchestre du Centre national des Arts, d’Artis-Naples, de l’Orchestre philharmonique de Naples et de l’Orchestre symphonique de Castilla y León.

Notice biographique (extrait reproduit avec l’aimable autorisation de Boosey & Hawkes) et note de programme compilées par Hannah Chan-Hartley (traduit de l’anglais) 

LUDWIG VAN BEETHOVEN

Symphonie no 9 en ré mineur, op. 125

I. Allegro ma non troppo e un poco maestoso 
II. Molto vivace – Presto  
III. Adagio molto e cantabile 
IV. Finale : Presto – Allegro assai 

Peu d’œuvres de la musique classique occidentale ont été aussi influentes et significatives au cours des deux derniers siècles que la Neuvième symphonie de Beethoven. Sa célèbre « Ode à la joie », notamment, a été utilisée pour célébrer un large éventail de causes politiques – des régimes fascistes à la lutte pour les droits démocratiques, de la « pureté raciale » à la diversité unifiée. Par miracle, les ignobles détournements du sens de la puissance émotionnelle de l’œuvre n’ont pas affecté la réputation de Beethoven ni assombri l’idéal utopique d’une humanité unie qu’il voulait véhiculer dans sa symphonie. « Il ne serait pas raisonnable d’espérer qu’un simple morceau de musique puisse avoir le pouvoir d’apporter la rédemption à un monde troublé, mais la Neuvième symphonie est probablement la composition musicale qui s’est le plus rapprochée de cet objectif », comme l’a noté le musicologue David Benjamin Levy. « Les idéaux utopiques exprimés dans An die Freude de Friedrich Schiller et dans le finale de la Neuvième symphonie de Beethoven ne se sont pas encore concrétisés, mais l’espoir engendré par ces idéaux reste bien vivant. » 

En tant qu’œuvre d’art musicale, la Neuvième symphonie est une pièce historique qui a changé à jamais le visage de la composition, de l’interprétation et de la réception de la musique symphonique. Après le Congrès de Vienne en 1815, on a joué beaucoup moins de symphonies, en particulier à Vienne, car de nombreux aristocrates qui les avaient commandées et fait exécuter dans leurs cours s’étaient affaiblis économiquement, et les principaux mécènes du compositeur étaient décédés. Dans les années 1820, la scène musicale viennoise demeurait assez peu réceptive aux symphonies « sérieuses » (en tout cas pas comme pièce de résistance des concerts publics), de sorte que Beethoven (1770-1827), qui n’avait pas écrit de symphonie depuis l’achèvement de sa Huitième en 1812, a songé à faire jouer pour la première fois sa Neuvième symphonie dans un autre lieu. Cependant, après avoir appris qu’il envisageait de créer l’œuvre à Berlin ou à Londres, un groupe d’amis et de proches collaborateurs ont écrit au compositeur une lettre pour l’implorer d’en donner la primeur à Vienne. Profondément touché par leur soutien, Beethoven accepta de la faire jouer, ainsi que son ouverture La Consécration de la maison et des extraits de la Missa solemnis, à la faveur d’un Academie (concert) au théâtre impérial de la Cour royale de la ville, à côté du Kärntnertor. Le 7 mai 1824, la Neuvième symphonie fut créée par l’orchestre et le chœur du théâtre (renforcés respectivement par des membres de la Société des amis de la musique et des garçons sopranos), ainsi que par des solistes de renom. Pour la première fois en 12 ans, Beethoven était sur scène, à la direction d’orchestre. L’interprétation fut accueillie avec enthousiasme; on connaît l’émouvante anecdote selon laquelle la contralto Caroline Unger tira la manche du compositeur pour qu’il se retourne vers le public, car sa surdité l’empêchait d’entendre les applaudissements. À partir de cette date, les symphonies sont devenues un pilier des concerts publics et les compositeurs les ont écrites dans ce but, tout en s’efforçant de s’accommoder du lourd héritage de Beethoven. 

La Neuvième symphonie de Beethoven a dû être une expérience bouleversante pour le public lors de ses premières présentations. D’une durée de plus d’une heure, cette symphonie était la plus longue de son temps. Les forces instrumentales mises en œuvre sont aussi relativement importantes; à la création, la section des cordes comptait à elle seule 58 instruments, soit à peu près la taille de la plupart des orchestres de l’époque. De plus, dans le finale, un texte – un extrait du poème de Schiller – est intégré pour la toute première fois à une œuvre symphonique, chanté par quatre solistes et un chœur. En termes d’exécution et d’interprétation, la Neuvième exige encore beaucoup de ses interprètes de nos jours, et son caractère monumental continue d’impressionner.

Dans la production symphonique de Beethoven, la Neuvième peut être considérée comme l’aboutissement d’idées et de techniques qu’il avait appliquées à des œuvres antérieures, telles que ses Troisième et Cinquième symphonies, mais qui sont désormais poussées à leur paroxysme. Tout d’abord, les structures traditionnelles de la symphonie classique sont considérablement élargies pour intégrer d’autres formes et styles de musique. Le premier mouvement utilise la forme sonate conventionnelle (exposition, développement, récapitulation, coda), mais les sections de développement et de conclusion sont considérablement étendues; dans la structure scherzo-trio du deuxième mouvement, le scherzo seul est de forme sonate. Une série de doubles variations (c’est-à-dire sur deux thèmes) figure dans l’Adagio, tandis que le quatrième mouvement, pour orchestre, voix solistes et chœur, est un feu d’artifice en plusieurs parties combinant toutes les formes des mouvements précédents et plus encore. 

Pour unifier l’œuvre, Beethoven crée une trajectoire psychologique parcourant les quatre mouvements de la symphonie, qui culmine avec le finale (un concept qu’il avait utilisé dans sa Cinquième symphonie). À un certain niveau, cela se traduit par le passage du mineur orageux du premier mouvement au majeur triomphant du quatrième. Il « sème » les germes de cette transition tout au long des trois premiers mouvements : par exemple, le motif descendant et les quintes ouvertes qui amorcent tout doucement la symphonie, sans que l’on sache encore s’il est en majeur ou en mineur, reviennent avec force lors de la réexposition du premier mouvement, nettement en majeur cette fois. Plus tard, dans le Scherzo, le trio pastoral, avec hautbois et clarinette, apparaît en majeur, de même que le deuxième thème de l’Adagio, d’abord joué par les seconds violons et les altos. Les mélodies de ces deux derniers moments préfigurent le thème de l’« Ode à la joie », évoquant ainsi son caractère inéluctable lorsqu’il est finalement introduit dans le finale.

Le passage qui mène à l’« Ode à la joie » est l’un des plus remarquables de la musique classique – un épisode dramatique qui semble tiré d’un opéra. Après une saisissante explosion orchestrale (la Schrekensfanfare, ou « fanfare de la terreur », un accord dissonant combinant les harmonies de mineur et de si bémol majeur), les violoncelles et les contrebasses jouent un passage audacieux qui fait songer à un récitatif. Songeurs, ils s’interrogent comme s’ils cherchaient une idée ou une vision nouvelle. L’orchestre fait des suggestions, rappelant tour à tour les airs d’ouverture des trois mouvements précédents, que les violoncelles et les contrebasses rejettent chaque fois. Finalement, le hautbois et le basson entonnent timidement les premières notes du thème de l’« Ode à la joie », que les violoncelles et les basses semblent apprécier et sur lequel ils se mettent enfin d’accord. Comme d’un commun élan, ils jouent la mélodie complète à l’unisson, suivie de trois variations instrumentales. Puis la « fanfare de la terreur » revient, mais cette fois, le baryton solo allège le drame antérieur en chantant « Ô amis, pas de ces sons-là » (en référence à la musique des autres mouvements). « Entonnons-en d’autres, plus agréables et plus joyeux! » 

D’autres variations sur le thème de la joie s’ensuivent, avec une série chantée par les voix solistes et le chœur, suivie de sa transformation en une marche militaire comique, introduite par un orchestre à vent et des instruments turcs (triangle, cymbale et grosse caisse). L’orchestre reprend ensuite une double fugue (utilisant deux sujets thématiques différents), qui culmine dans une récapitulation du thème de la joie par l’ensemble du chœur et de l’orchestre. Ensuite, la musique devient majestueuse et solennelle, offrant un moment de recueillement sur le texte : « Seid umschlungen, Millionen... Muß ein Lieber Vater wohnen » (« Qu’ils s’enlacent tous les êtres (…) Frères, au plus haut des cieux / Doit habiter un père aimé. ») Les variations reprennent avec le chœur qui chante une autre double fugue, juxtaposant cette fois le thème de la joie et la mélodie de « Seid umschlungen, Millionen! » – un point culminant ingénieux des procédés fugués que Beethoven a intégrés dans les premiers mouvements de la symphonie. Juste avant la coda, les solistes entonnent le message de fraternité universelle en une sublime cadence, après quoi la musique s’élance, extatique, vers sa jubilatoire conclusion.

Note de programme par Hannah Chan-Hartley (traduit de l’anglais) 

Artistes

  • Chef d’orchestre Alexander Shelley
  • Saxophone Jess Gillam
  • Soprano Kirsten MacKinnon
  • Mezzo-Soprano Allyson McHardy
  • Ténor Andrew Haji
  • Basse William Thomas
  • Avec Société chorale d’Ottawa
  • Gabrielle-gaudreault
    Cheffe de choeur Gabrielle Gaudreault
  • Avec Orchestre du CNA
  • Régisseuse Tobi Hunt McCoy

Crédits

Orchestre du CNA

Premiers violons  
Yosuke Kawasaki (violon solo) 
Jessica Linnebach (violon solo associée) 
Noémi Racine Gaudreault (assistante violon solo) 
Emily Westell 
Marjolaine Lambert 
Carissa Klopoushak 
Manuela Milani 
*Martine Dubé 
*Erica Miller 
*Oleg Chelpanov 
*Renée London 
*Heather Schnarr 

Seconds violons  
Emily Kruspe 
Jeremy Mastrangelo 
Frédéric Moisan 
Leah Roseman 
Winston Webber 
Edvard Skerjanc 
Karoly Sziladi 
Mark Friedman 
Zhengdong Liang 
*Andréa Armijo Fortin 
*Sara Mastrangelo 
*Sarah Williams 

Altos  
Jethro Marks (solo) 
David Marks (solo associé) 
David Goldblatt (assistant solo) 
David Thies-Thompson 
Paul Casey 
Tovin Allers 
*Mary-Kathryn Stevens 

Violoncelles 
Rachel Mercer (solo) 
Julia MacLaine (assistante solo) 
Marc-André Riberdy 
Timothy McCoy 
Leah Wyber 
*Karen Kang 
*Desiree Abbey 

Contrebasses  
Max Cardilli (assistant principal) 
Vincent Gendron 
**Marjolaine Fournier
*Paul Mach
​*Doug Ohashi

Flûtes
Joanna G’froerer (solo) 
Stephanie Morin 
*Christian Paquette 

Hautbois
Charles Hamann (solo) 
Anna Petersen 

Cor anglais 
Anna Petersen 

Clarinettes
Kimball Sykes (solo) 
Sean Rice 

Bassons
Darren Hicks (solo) 
Vincent Parizeau 
*Carmelle Préfontaine 

Cors
*Ryan Little (solo invitée) 
Julie Fauteux (solo associée) 
Lawrence Vine 
Lauren Anker 
Louis-Pierre Bergeron 
*Olivier Brisson 

Trompettes
**Karen Donnelly (solo) 
*Andrew McCandless (solo invite) 
**Steven van Gulik
*Amy Horvey
*Patrick Smithers

Trombones
*Steve Dyer (solo invité) 
Colin Traquair 

Trombones basses 
Zachary Bond 

Tubas
Chris Lee (solo) 

Timbales
* Andrei Malashenko (solo invité) 

Percussion
Jonathan Wade 
*Andrew Johnson 
*Joe Desotelle 

Musicothécaire principale 
Nancy Elbeck 

Musicothécaire adjoint 
Corey Rempel 

Cheffe du personnel 
Meiko Lydall 

Coordinatrice du personnel de l’Orchestre 
Laurie Shannon 

*Instrumentistes surnuméraires 
**En congé 

Societé chorale d’Ottawa

Soprano 

Elena Arsenault 
Sandy Bason 
Loretta Cassidy 
Victoria Devita* 
Kathy Dobbin 
Mary Egan* 
Adriane Epprecht* 
Jane Flook 
Deirdre Garcia 
Beth Granger 
Lucia Guidi-Mazzola* 
Julie Henderson 
Amy Heron 
Floralove Katz 
Alison Lamont 
Amily Li* 
Anna Lo 
Joyce Lundberg 
Pat MacDonald 
Marie Magistry*
Anaïs Martin 
Sarah McDermott 
Amy McKay* 
Logann McNamara 
Shailla Nargundkar 
Erin O’Manique* 
Karleigh Palmer* 
Nicole Park* 
Kylie Pratt 
Nancy Savage 
Stephanie Sewell 
Bronwyn Thies-Thompson*
Anita Tong 
Ellen Tsai* 
Liz Wiebe* 
Jean Wylie* 
Malaïka Zarrouki* 

Alto 

Joan Auden 
Jo-Anne Bacon 
Carolynne Ball* 
Ruth Belyea 
Mireille Bergeron* 
Patricia (Trish) Broad 
Jennifer Brown 
Miriam Carpenter* 
Heather David 
Jennifer Davis 
Raquel Farrar 
Rachel Gagnon 
Mary Beth Garneau 
Adele Graf 
Lisa Hans 
Lisanne Hendelman 
Natalie Hunter 
Patricia Jackson 
Eileen Johnson
Josée Lalonde* 
Stéphanie Lalonde* 
Samantha Larson 
Emma Lassiter 
Merlyna Lim* 
Lois Marion 
Mary Martel-Cantelon 
Beth Martin 
Lisa McMurray 
Bridget Nardi* 
Heather Reid  
Peggy Robinson 
Elizabeth Shore 
Sally Sinclair 
Victoria Sinclair 
Christina Stapper* 
Claire Thompson 
Catherine Trinkwon 
Tanya Vainet
Jenn Walsh
Karmen Walther*
Brendalee Wilson 

Ténor 

Jean-Sébastien Allaire*
Guy Bellemare 
Bernard Cayouette*
Tim Coonen 
Charlie Donnely 
John Goldsmith 
Toby Greenbaum 
Wendy Hall* 
Ross Jewel* 
David Kidston* 
Roy Lidstone 
Iain MacPherson* 
John McBride 
Kathryn McCarthy 
Jack McCracken* 
Simon McMillan 
Sebastian Rodriguez Mayén*
Jean-Francois Tardiff* 
Dennis Van Staalduinen* 

Basse

Paul Badertscher 
Mike Beauchamp 
Roger Butt 
Christopher Devita* 
Martin Edwards 
Rowan Elsdon* 
Daniel Godard* 
Nikhil Gopal* 
Etienne Grall 
Doug Hall* 
Greg Huyer* 
Gary King 
Jean-Bossuet Lazarre* 
John Litster 
Ian MacMillan 
Christopher Mallory* 
Blixa McCracken* 
Bruce Pettipas* 
Mathieu Roussel-Lewis 
William Sanna 
Daniel Savoie* 
Glen Seeds* 
Mark Silver 
Victor Toma* 
Geoff White 

*Choriste invité  

Alliance international des employés de la scène