Présentée par Le Fonds Janice et Earle O'Born pour l’excellence dans les arts de la scène

Gimeno et l'Orchestre Symphonique de Toronto avec Emily D'Angelo

Série Grands Interprètes

2024-05-05 20:00 2024-05-05 23:00 60 Canada/Eastern 🎟 CNA : Gimeno et l'Orchestre Symphonique de Toronto avec Emily D'Angelo

https://nac-cna.ca/fr/event/33730

Événement en personne

Pour une soirée unique, l’Orchestre symphonique de Toronto (TSO) monte sur scène à la Salle Southam, accompagné de la renommée mezzo-soprano italo-canadienne Emily D’Angelo, qui interprétera des morceaux de son album enargeia, sorti en 2021 sous l’étiquette Deutsche Grammophon. « L’une des jeunes interprètes les plus spéciales en ce monde », « puissante et...

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Salle Southam ,1 rue Elgin,Ottawa,Canada
dim 5 mai 2024

Nos programmes sont passés au numérique.

Balayez le code QR à l’entrée de la salle pour lire les notes de programme avant le début du spectacle.

Dernière mise à jour: 30 avril 2024

Un mot de l’Orchestre du CNA

L’Orchestre du CNA est heureux de collaborer avec des organisations artistiques de tout le pays qui font un travail extraordinaire et jouent un rôle essentiel dans leur milieu. C’est bien sûr le cas de l’Orchestre symphonique de Toronto, qui présentait en mars dernier au Roy Thomson Hall, dans le cadre de notre échange annuel, un concert réunissant l’Orchestre du CNA, l’Orchestre symphonique de Québec et le Toronto Mendelssohn Choir.

Ce soir, c’est avec grand plaisir que nous accueillons de nouveau cet ensemble de renommée mondiale et son brillant directeur musical, Gustavo Gimeno. Au fil des ans, nos institutions ont entre autres collaboré à la commande de nouvelles œuvres, notamment de Nicole Lizée, Alexina Louie et John Estacio. Nous partageons un attachement tout particulier à l’épanouissement de la nouvelle génération d’artistes d’ici, par exemple la compositrice Alison Yun-Fei Jiang, dont la pièce Illumination est au programme ce soir. 

Nous espérons que le concert vous plaira. Comme toujours, merci d’être des nôtres et de soutenir les arts vivants.   

Nelson McDougall, directeur administratif 
Orchestre du Centre national des Arts  

Alexander Shelley, directeur musical 
Orchestre du Centre national des Arts 

Un mot du directeur général de l’Orchestre symphonique de Toronto

L’Orchestre symphonique de Toronto (TSO) est ravi d’être ici à Ottawa et de pouvoir faire vivre des moments de musique à un nouveau public. Ce programme transcendant, qui met en valeur des compositrices d’hier et d’aujourd’hui, célèbre aussi la création musicale canadienne et souligne avec fierté l’apport des orchestres d’ici à la musique classique.

Ces prestations servent également de vitrine pour l’extraordinaire mezzo-soprano Emily D’Angelo, qui, au-delà d’une voix absolument sensationnelle, a tout d’une vraie chanteuse classique du XXIe siècle. Elle fait partie de nos artistes en vedette pour 2023-2024, aux côtés du remarquable violoniste James Ehnes, qui se produit avec nous à Toronto ce mois-ci. Emily D’Angelo interprétera des morceaux de son album enargeia, sorti en 2021 sous l’étiquette Deutsche Grammophon et qui comprend des œuvres de compositrices allant de Hildegarde de Bingen à Sarah Kirkland Snider. 

Pour cette occasion spéciale, nous présentons une nouvelle œuvre intitulée Illumination, que nous avons commandée à la compositrice associée RBC du TSO, Alison Yun-Fei Jiang. La grande place des créatrices dans ce programme est un reflet des gestes que nous avons poses ces dernières années pour encourager davantage de femmes à la fois par nos commandes et par notre programmation. 

L’aspect le plus important de cet échange orchestral entre Toronto et Ottawa demeure la célébration du talent exceptionnel que l’on trouve dans ce pays, d’un océan à l’autre. Merci pour votre accueil. 

Mark Williams, directeur général de l’Orchestre symphonique de Toronto 
(poste bénéficiant du soutien de la famille Beck) 

Un message de l’Orchestre symphonique de Toronto à la mémoire de son chef d’orchestre lauréat sir Andrew Davis

Pendant 50 ans, notre chef d’orchestre lauréat, sir Andrew Davis, n’a jamais manqué une saison sans monter sur le podium avec l’Orchestre symphonique de Toronto (TSO).

Son art musical consommé, son dévouement inébranlable à notre orchestre et son amour indéfectible pour notre ville ont marqué des générations de musiciennes et musiciens et de mélomanes ainsi que la grande famille du TSO, et continueront à façonner l’identité de notre communauté pendant des générations.

Alors que nous chérissons les souvenirs d’un demi-siècle de musique aux côtés de sir Andrew Davis, nous nous souviendrons également d’un homme à l’esprit généreux, d’un mari, d’un père et d’un ami – nos pensées vont à son fils, Edward Frazier Davis. Nos pensées vont également à la foule d’artistes du monde entier, de gérantes et gérants, de membres de l’Orchestre d’hier et d’aujourd’hui qui ont envoyé leurs condoléances des quatre coins du monde. Pour célébrer sa longue relation avec notre ville, une petite rue près de la maison où il vivait a été baptisée sir Andrew Davis Lane en 2016. Merci d’avoir une pensée pour lui la prochaine fois que vous passerez devant cette rue ou que vous entendrez le TSO se produire au Roy Thomson Hall.

Reposez en musique, sir Andrew Davis, et merci pour tout.

Programme

Toronto Symphony Orchestra

Gustavo Gimeno
Directeur musical

Emily D’Angelo
Mezzo-soprano

ALISON YUN-FEI JIANG* Illumination (11 min) 

DIVERS ARTISTES enargeia (26 min)
I. JARKKO RIIHIMÄKI Ouverture
II. HILDEGARD VON BINGEN « O frondens virga I »
III. HILDUR GUÐNADÓTTIR « Fólk fær andlit »
IV. MISSY MAZZOLI « This World Within Me Is Too Small »
V. MISSY MAZZOLI « You Are Dust »
VI. SARAH KIRKLAND SNIDER « Dead Friend »
VII. SARAH KIRKLAND SNIDER « The Lotus Eaters »
VIII. SARAH KIRKLAND SNIDER « Nausicaa »
IX. JARKKO RIIHIMÄKI Transition
X. HILDEGARD VON BINGEN, arr. Sophia Muñoz et Missy Mazzoli « O frondens virga II »

Emily D’Angelo, mezzo-soprano

ENTRACTE

JOHANNES BRAHMS Symphonie no 1 en do mineur, op. 68 (44 min)
I. Un poco sostenuto – Allegro
II. Andante sostenuto
III. Un poco allegretto e grazioso
IV. Adagio – Più andante – Allegro non troppo ma con brio

*Compositrice associée de RBC au TSO. Avec le généreux soutien du projet Artistes émergents RBC.

II. “O frondens virga I
— Hildegard von Bingen

O frondens virga, 
in tua nobilitate stans 
sicut aurora procedit: 
nunc gaude et letare 
et nos debiles dignare 
a mala consuetudine liberare 
atque manum tuam porrige 
ad erigendum nos. 

II. « O Frondens Virga I » [Ô rameau verdoyant] 
— Hildegard von Bingen 

Ô rameau verdoyant, 
tu te tiens dans ta noblesse 
comme l’aurore qui se lève! 
réjouis-toi à présent et exulte 
et daigne libérer les faibles que nous sommes 
de l’habitude du mal, 
et tends ta main 
pour nous relever! 

III. “Fólk fær andlit”  
— Hildur Guðnadóttir 

Miskun. 
Miskun, miskun, miskun. 
Miskun. 
Miskun, miskun, miskun. 
Fyrirgefið okkur fyrir. 
Fyrirgefið okkur fyrír. 
Fyrirgefið okkur, fyrirgefið okkur. 
Miskun. 
Miskun, miskun, miskun. 
Fyrirgefið okkur fyrir, fyrir. 
Okkur. 
Fyrirgefið okkur. 
Fyrir. 
Miskun. 
Miskun, miskun, miskun. 

III. « Fólk fær andit »  [Les gens ont des visages]  
— Hildur Guðnadóttir 

Miséricorde,
Pardonne-nous pour, 
Pardonne-nous. 
Miséricorde. 
(Pardonne-nous pour, 
Pardonne-nous 
Miséricorde.) 

IV. “This World Within Me Is Too Small”
Missy Mazzoli 

Death moves his hands 
through me again, 
a lonely outsider among men. 
Death moves his hands 
through me again, 
a lonely outsider among men. 
I’ll keep my silence here. 
I’ll leave this place alone. 
I’ll give myself to no one at all. 
Death moves his hands 
through me again, 
a lonely outsider among men. 
This world within me is too small, 
but still inside it something sings. 
I’ll keep my silence here. 
I’ll leave this place alone. 
I’ll keep my silence here. 

IV. « Ce monde en moi est trop petit » 
—Missy Mazzoli

La mort passe à nouveau ses mains 
à travers moi
une étrangère solitaire parmi les hommes.
(La mort passe à nouveau ses mains 
à travers moi
une étrangère solitaire parmi les hommes.)
Je garderai mon silence ici.
Je quitterai cet endroit seule.
Je ne me donnerai à personne.
La mort passe à nouveau ses mains 
à travers moi
une étrangère solitaire parmi les hommes.
Ce monde en moi est trop petit
mais toujours au-dedans, quelque chose chante.
Je garderai mon silence ici.
Je quitterai cet endroit seule.
Je garderai mon silence ici.

V. “You Are the Dust”  
Missy Mazzoli 

You are the dust, 
you are the sand, 
you are the breathing earth, 
you are the breathing earth, 
you are the flood, 
you are the road, 
you are the flood, 
you are the dust, 
you are the one, 
the one most loved 
when left behind. 

V. « Tu es la poussière » 
Missy Mazzoli 

Tu es la poussière
tu es le sable 
Tu es la terre qui respire
(tu es la terre qui respire) 
Tu es l’inondation
tu es la route
tu es l’inondation 
tu es la poussière
tu es celui 
celui qui est le plus aimé
quand il est laissé derrière. 

VI. “Dead Friend”  
— Sarah Kirkland Snider 

Dead friend, 
turn your back on me, 
I beg you, 
do not look at me 
with those eyes. 

Dead friend, 
I must leave you here. 
I can’t stay, 
you can’t follow me 
where I go. 

Dead friend, 
turn your back on me, 
let me go. 
I’ve forgotten you, 
forget me, 
I’ve forgotten you, 
forget me.

VI. « Ami mort » 
— Sarah Kirkland Snider 

Ami mort,
tourne-moi le dos, 
je t’en supplie,
ne me regarde pas
avec ces yeux-là. 

Ami mort,
je dois te laisser ici. 
Je ne peux pas rester,
tu ne peux pas me suivre 
là où je vais. 

Ami mort,
tourne-moi le dos, 
laisse-moi partir.
Je t’ai oublié,
oublie-moi. 
(Je t’ai oublié,
oublie-moi.) 

VII. “The Lotus Eaters”  
— Sarah Kirkland Snider 

Down the ward, 
the men are dreaming, 
drooling in their cots. 
Pricks of blood in every elbow. 
I am no better. 
It’s just that I’m awake. 
It’s just that I’m awake and walking.
It’s just that I’m awake
and walking, walking. 

Hear my footsteps down the hall, 
now I’m smelling the night air, 
crunching gravel as I walk, walk, walk. 

Never, never, never, never will I, 
never will I sleep like that again. 
Never, never, never, never, never, 
never will I sleep like that, 
sleep like that. 

And I’m lost in this night, 
I’m lost in this night, 
I’m already lost, 
but not as lost as them. 

And I’m lost in this night, 
I’m lost in this night, 
I’m already lost, 
but not as lost as them, 
my sleeping, drooling, smiling men. 

I’m not as lost, I’m not as lost, 
I’m not as lost as them. 

Never, never, never, never will I, 
never will I sleep like that again. 
Never, never, never, never, never, 
never will I sleep like that, 
sleep like that. 

And I’m lost in this night, 
I’m lost in this night, 
I’m already lost, 
but not as lost as them. 
I’m lost, I’m lost, I’m lost, 
my sleeping, drooling,  
sleeping, drooling, 
sleeping, drooling, smiling men. 

I’m not as lost, I’m not as lost, 
I’m not as lost as them. 

VII. « Mangeurs de lotus » 
— Sarah Kirkland Snider 

Au fond de la salle,
les hommes rêvent, 
ils bavent dans leurs brancards. 
Des piqûres de sang sur chaque coude. 
Je ne vais guère mieux. 
C’est seulement que je suis éveillée. 
C’est seulement que je suis éveillée et que je marche.
C’est seulement que je suis éveillée 
et que je marche, marche.

J’entends mes pas dans le couloir, 
maintenant, je sens l’air de la nuit, 
je broie le gravier quand je marche, marche, marche. 

Jamais, jamais, jamais, jamais je ne le ferai, 
jamais je ne dormirai encore comme ça. 
Jamais, jamais, jamais, jamais, jamais
jamais je ne dormirai comme ça, 
dormirai comme ça. 

Et je suis perdue dans cette nuit, 
perdue dans cette nuit, 
je suis déjà perdue,
mais pas aussi perdue qu’eux. 

Et je suis perdue dans cette nuit, 
perdue dans cette nuit, 
je suis déjà perdue,
mais pas aussi perdue qu’eux, 
mes hommes qui dorment, bavent et sourient. 

Je ne suis pas aussi perdue, pas aussi perdue, 
je ne suis pas aussi perdue qu’eux. 

Jamais, jamais, jamais, jamais je ne le ferai, 
jamais je ne dormirai encore comme ça. 
Jamais, jamais, jamais, jamais, jamais
jamais je ne dormirai comme ça, 
dormirai comme ça. 

Et je suis perdue dans cette nuit, 
perdue dans cette nuit, 
je suis déjà perdue, 
mais pas aussi perdue qu’eux. 
Je suis perdue, je suis perdue, je suis perdue,
mes hommes qui dorment, bavent, 
dorment, bavent,
dorment, bavent, et sourient.

Pas aussi perdue, pas aussi perdue, 
pas aussi perdue qu’eux. 

VIII. “Nausicaa
— Sarah Kirkland Snider

Don’t be afraid, stranger.
I’m not afraid,
I’m not afraid of you.

You look so lost, stranger,
but you’re not lost,
cause I’ve just found you.

Just take my hand, stranger,
just take my hand
and I will lead you home.

VIII. « Nausicaa » 
— Sarah Kirkland Snider 

N’aie pas peur, étranger, 
Je n’ai pas peur,  
je n’ai pas peur de toi. 

Tu as l’air si perdu, étranger, 
mais tu n’es pas perdu,  
car je viens de te trouver. 

Prends ma main, étranger,  
prends ma main, 
et je te conduirai chez toi. 

X. “O frondens virga II”
— Hildegard von Bingen, arr. Sophia Muñoz & Missy Mazzoli 

O frondens virga, 
in tua nobilitate stans 
sicut aurora procedit: 
nunc gaude et letare 
et nos debiles dignare 
a mala consuetudine liberare 
atque manum tuam porrige 
ad erigendum nos. 

X. « O Frondens Virga II » [Ô rameau verdoyant] 
— Hildegard von Bingen, arr. Sophia Muñoz et Missy Mazzoli  

Ô rameau verdoyant, 
tu te tiens dans ta noblesse 
comme l’aurore qui se lève! 
réjouis-toi à présent et exulte 
et daigne libérer les faibles que nous sommes 
de l’habitude du mal, 
Et tends ta main  
pour nous relever! 

Répertoire

ALISON YUN-FEI JIANG

Illumination

« Une étoile filante, un obscurcissement du regard, une lampe,
Une illusion, une perle de rosée, une bulle,
Un éclair, un lourd nuage, un rêve –
C’est ainsi qu’il faut voir les phénomènes conditionnés. »

– Le Sūtra du diamant (d’après la traduction anglaise de Paul Harrison)

Illumination s’inspire de différentes formes de lumière et de phénomènes naturels décrits dans une strophe de quatre vers du Sūtra du diamant, un texte fondateur de la philosophie de l’Asie de l’Est. Le sūtra, dont le titre renvoie à l’image évocatrice du diamant ou de la foudre, terme abstrait désignant une puissance redoutable, symbolise la capacité de la sagesse à percer et à briser les illusions pour révéler la réalité absolue.

Plutôt que de représenter directement les images, ma composition vise à capter les impressions et la poétique des formes lumineuses changeantes et des phénomènes naturels. En entremêlant des matériaux rythmiques, mélodiques, harmoniques, sonores et texturaux, la pièce incarne métaphoriquement les philosophies de la transformation et de l’impermanence, faisant écho à la nature éphémère de l’existence humaine.

Je dédie Illumination à mes parents, Xiao Qiong Lu et Feng Jiang, pour leur amour et leur soutien.

Note de programme par la compositrice (traduit de l’anglais)

Divers Artistes

enargeia

I. JARKKO RIIHIMÄKI Ouverture
II. HILDEGARD VON BINGEN « O frondens virga I »
III. HILDUR GUÐNADÓTTIR « Fólk fær andlit »
IV. MISSY MAZZOLI «This World Within Me Is Too Small »
V. MISSY MAZZOLI « You Are Dust »
VI. SARAH KIRKLAND SNIDER « Dead Friend »
VII. SARAH KIRKLAND SNIDER « The Lotus Eaters »
VIII. SARAH KIRKLAND SNIDER « Nausicaa »
IX. JARKKO RIIHIMÄKI Transition
X. HILDEGARD VON BINGEN, arr. Sophia Muñoz & Missy Mazzoli « O frondens virga II »

La suite enargeia d’Emily D’Angelo fait dialoguer des œuvres disparates, mais il s’agit davantage d’un concept créatif que d’un exercice de compilation. Créée par la chanteuse pour l’album Deutsche Grammophon du même nom, enargeia vise à produire une expérience riche et dense, qui tisse des liens entre la vie et la vision de la polymathe médiévale Hildegarde de Bingen et des œuvres évocatrices écrites par des femmes à l’avant-garde de la musique classique d’aujourd’hui.

Née en 1098, Hildegarde de Bingen était une abbesse allemande dotée d’une vive curiosité pour le monde dans lequel elle vivait. La composition musicale n’était qu’un de ses nombreux champs d’intérêt, et elle n’aurait pu imaginer que son œuvre allait revivre sur scène avec le concours d’un orchestre symphonique au XXIe siècle. Néanmoins, la fraîcheur de ses premières explorations de la mélodie monophonique et de la mise en musique de textes, alliée à son profond mysticisme et à sa religiosité, font que ses compositions autour de textes latins ne cessent d’émouvoir le public près d’un millénaire plus tard. Emily D’Angelo place Hildegarde et sa musique au cœur d’enargeia, les sonorités étonnamment contemporaines de la moniale du XIIe siècle ouvrant une sorte de passerelle temporelle entre le passé et le présent. Un coup d’œil à travers cette passerelle depuis notre modernité permet d’entrevoir les intersections entre l’ancien et le nouveau, la vie et le deuil, et l’espérance spirituelle confrontée à la dure réalité.

En traduction, le « O frondens virga » d’Hildegarde implore : « Ô rameau fleuri, debout dans toute ta noblesse, au moment où le matin s’éveille […] malgré notre fragilité, juge-nous dignes, empêche-nous de sombrer dans la méchanceté coutumière. » La compositrice Hildur Guðnadóttir lance presque le même appel dans « Fólk fær andlit »; évoquant la déportation de réfugiés en Islande en 2015, les paroles se traduisent par des itérations des simples expressions « miséricorde » et « pardonnez-nous pour… ». « This World Within Me Is Too Small » et « You Are the Dust » sont des airs tirés de l’opéra Song from the Uproar de Missy Mazzoli (née en 1980). Ces deux airs s’inspirent des écrits d’Isabelle Eberhardt, une exploratrice, journaliste et soufie de l’ère victorienne qui, à l’instar d’Hildegarde, a refusé de réprimer sa curiosité pour le monde à une époque où une telle attitude allait à l’encontre des normes sociétales.

Trois extraits choisis du cycle de mélodies Penelope de Sarah Kirkland Snider (née en 1973) rapprochent l’arc d’enargeia de sa fin. « Dead Friend » aborde le processus de deuil du point de vue de la personne endeuillée et de celle qui est morte, tandis que « The Lotus Eaters » dépeint une fantaisie nocturne échevelée. « Nausicaa » ramène enargeia presque à son point de départ; tout juste avant la reprise du chant « O frondens virga » d’Hildegarde, Emily D’Angelo chante : « Tu n’as qu’à prendre ma main, Étranger. Prends ma main et je te conduirai chez toi. »

Note de programme par Arlan Vriens (traduit de l’anglais)

JOHANNES BRAHMS

Symphonie no 1 en do mineur, op. 68

I. Un poco sostenuto – Allegro
II. Andante sostenuto
III. Un poco allegretto e grazioso
IV. Adagio – Più andante – Allegro non troppo ma con brio

Brahms (1833–1897) a commencé à ébaucher sa Première symphonie en 1855, à l’âge de 22 ans, mais ne l’a achevée qu’en 1876, à 43 ans, tant l’héritage des neuf symphonies de Beethoven lui paraissait prestigieux et intimidant. (« Vous ne savez pas ce que c’est que d’être poursuivi par ses pas », disait-il.) La Première de Brahms a reçu un accueil enthousiaste et, vers la fin d’un siècle dominé par des radicaux comme Franz Liszt et Richard Wagner, elle a constitué un coup d’éclat pour les mélomanes attachés aux formes anciennes. (Hans von Bülow est allé jusqu’à l’appeler « la Dixième ».) Cependant, malgré sa déférence envers les modèles classiques (notamment l’architecture en quatre mouvements), il s’agissait d’une œuvre profondément personnelle fondée sur une technique symphonique originale : la création d’une structure dense et unifiée par le développement intensif de courts motifs mélodiques et rythmiques germinaux. Arnold Schoenberg a inventé l’expression « variation développante » pour désigner cette pratique et a récusé les accusations d’académisme qui pesaient sur Brahms, le défendant comme le compositeur le plus progressiste de son époque.

La majestueuse introduction lente établit le ton sérieux, voire tragique, du premier mouvement, et l’Allegro qui suit, avec son élan rythmique beethovénien, a le caractère d’un scherzo sombre et angoissé (les tonalités mineures sont inhabituellement proéminentes). Ensuite vient le mouvement lent, comme le soleil après la tempête; plusieurs thèmes s’y succèdent, si bien que la musique se déploie comme un seul flot de mélodies, devenant de plus en plus intense et passionnée pour finalement atteindre un véritable pathos. Pour le troisième mouvement, au lieu d’un menuet ou d’un scherzo, Brahms a écrit l’une de ces pastorales douces et lumineuses qui allaient devenir sa marque de fabrique, tout en conservant la forme conventionnelle du menuet et du trio à trois voix (ABA).

Dans l’introduction lente du finale, un thème majestueux au cor (semblable à l’appel d’un berger des Alpes) et une mélodie de type choral aux cuivres semblent appeler une résolution; l’Allegro qui suit commence par une mélodie émouvante, apparentée à un hymne (aux cordes), qui évoque « l’Ode à la joie » de la Neuvième de Beethoven. (Lorsque quelqu’un l’a fait remarquer à Brahms, il a répondu que « n’importe quel abruti » pouvait s’en rendre compte. En effet, c’est une interprétation de la Neuvième qui l’avait amené, à 21 ans, à envisager d’écrire une symphonie.) Le finale n’est pas dépourvu de surprises (notamment le retour du thème de cor « alpin »), ni de moments d’obscurité et de malaise, mais ils passent. Dans une coda plus rapide, le thème principal Allegro est rejoint par le « choral » de l’introduction, amenant la symphonie à sa triomphale conclusion.

Note de programme par Kevin Bazzana (traduit de l’anglais)

Artistes

  • Chef d’orchestre Gustavo Gimeno
  • Mezzo-soprano Emily D’Angelo
  • Avec Orchestre symphonique de Toronto

Crédits

Orchestre symphonique de Toronto

Gustavo Gimeno, Directeur musical

Violons
Jonathan Crow (violon solo, Chaire de violon solo Tom Beck
Yolanda Bruno (violon solo associée)
Clare Semes (violon solo associée) 
Marc-André Savoie (assistant violon solo)
Etsuko Kimura + (assistante violon solo)
Eri Kosaka (second violon solo)
Kun Yan (second violon solo associée)
Luri Lee (assistante second violon solo)
Atis Bankas 
Christina (Jung Yun) Choi*
Sydney Chun* 
Amanda Goodburn 
Bridget Hunt 
Amalia Joanou-Canzoneri 
Ah Young Kim
Shane Kim* 
Leslie Dawn Knowles
Douglas Kwon 
Paul Meyer
Sergei Nikonov 
Semyon Pertsovsky
Peter Seminovs
Mark Skazinetsky
Jennifer Thompson 
Angelique Toews 
James Wallenberg+
Virginia Chen Wells 

Altos
Rémi Pelletier (solo, par intérim)
Theresa Rudolph (solo associée, par intérim)
Ashley Vandiver (assistante solo, par intérim)
Ivan Ivanovich* 
Gary Labovitz 
Diane Leung 
Zeyu Victor Li
Mary Carol Nugent 
Christopher Redfield+

Violoncelles
Joseph Johnson (solo, Chaire de violoncelle solo soutenue par le Dr Armand Hammer)
Emmanuelle Beaulieu Bergeron (solo associée)
Winona Zelenka (assistante solo)
Alastair Eng* 
Igor Gefter 
Roberta Janzen
Song Hee Lee 
Oleksander Mycyk
Lucia Ticho

Contrebasses
Jeffrey Beecher (solo)
Michael Chiarello (solo associé)
Theodore Chan+ 
Jesse Dale
Timothy Dawson 
Christopher Laven
Mark Lillie
David Longenecker* 

Flûtes
Kelly Zimba Lukić+ (solo, Chaire de flûte solo financée par le Comité des bénévoles du TSO
Julie Ranti (solo associée)
Leonie Wall 
Camille Watts 

Piccolo
Camille Watts 

Hautbois
Sarah Jeffrey* (solo, Chaire de hautbois solo financée par Cathy et Liddy Beck)
Alex Liedtke (solo associé)
Cary Ebli 
Hugo Lee* 

Cor anglais
Cary Ebli

Clarinettes
Eric Abramovitz (solo, Chaire de clarinette solo financée par Sheryl L. et David W. Kerr
Miles Haskins (solo associé, par intérim)
Joseph Orlowski+

Clarinette basse
Miles Haskins 

Bassons
Michael Sweeney (solo, Chaire de basson solo financée par Sheryl L. et David W. Kerr)
Samuel Banks 
Fraser Jackson 

Contrebasson
Fraser Jackson 

Cors
Neil Deland (solo)
Christopher Gongos (solo associé)
Audrey Good 
Nicholas Hartman 
Gabriel Radford* 

Trompettes
Andrew McCandless+ (solo, Chaire de trompette solo financée par le Comité des bénévoles du TSO)
Steven Woomert* (solo associé)
Renata Cardoso
James Gardiner* 

Trombones
Gordon Wolfe (solo)
Vanessa Fralick* (solo associée)

Trombone basse
Jeffrey Hall +

Tuba
Mark Tetreault (solo)

Timbales
David Kent (solo)
Joseph Kelly (assistant solo)

Percussion
Charles Settle (solo)
Nicholas Matthiesen (assistant solo)
Joseph Kelly 

Harpe
Heidi Elise Bearcroft (solo)

Musicothécaires
Christopher Reiche Boucher (principal)
Andrew Harper (musicothécaire remplaçant)
Sandra Pearson (musicothécaire remplaçante)

Chef du personnel de l’Orchestre
David Kent

+ En congé
* anciens membres de lOrchestre symphonique des jeunes de Toronto 

Le TSO remercie Mary Beck, patronne des musiciens et musiciennes, pour son fidèle et généreux soutien.

Les prestations de Gustavo Gimeno bénéficient du soutien de Susan Brenninkmeyer, en mémoire de Hans Brenninkmeyer.

Chef lauréat
Sir Andrew Davis

Chef d’orchestre émérite
Peter Oundjian (avec le soutien de Robert et Ann Corcoran)

Premier chef des concerts Pops
Steven Reineke 

Premier chef des concerts éducatifs Barrett et ambassadeur communautaire de l’Orchestre symphonique de Toronto
Daniel Bartholomew- Poyser

Chef d’orchestre en résidence RBC
Trevor Wilson

Chef de l’Orchestre symphonique des jeunes de Toronto
Simon Rivard (avec le soutien du Comité des bénévoles du TSO)

Compositrice-conseil
Emilie LeBel

Compositrice affiliée RBC
Alison Yun-Fei Jiang