Les sessions WolfGANG

L'OCNA à la Quatrième

2022-06-04 20:00 2022-06-04 21:30 60 Canada/Eastern 🎟 CNA : Les sessions WolfGANG

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Wolfgang vous invite à faire ressortir votre côté aventureux pour le prochain événement de l’Orchestre du CNA à la Quatrième : les Sessions WolfGANG, qui mettent en vedette des musiciens exceptionnels du CNA le temps d’une soirée intime remplie de surprises musicales! Tuttarana pour quintette de cuivres,de la compositrice indo-américaine Reena  Esmail, est le troisième mouvement d’une...

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sam 4 juin 2022
sam 4 juin 2022
Diffusion en direct

≈ 1 heure et 30 minutes · Avec entracte

Dernière mise à jour: 2 juin 2022

Programme

REENA ESMAIL Tuttarana pour quintette de cuivres
ANDREW STANILAND Allusions pour hautbois et clarinette
KELLY-MARIE MURPHY Glacial Ablations pour hautbois et piano
JACOB TER VELDHUIS Garden of Love pour hautbois et bande sonore
SIMON BOURGET Élégie et Toccata du Trio pour cor, violoncelle et piano, opus 7

Répertoire

REENA ESMAIL

Tuttarana pour quintette de cuivres

La compositrice indo-américaine Reena Esmail (née en 1983) navigue entre les mondes de la musique classique indienne et occidentale, et rapproche les communautés en créant des espaces musicaux équitables. Artiste en résidence Swan Family 2020-2023 de la Los Angeles Master Chorale, elle a aussi œuvré comme compositrice en résidence 2020-2021 de l’Orchestre symphonique de Seattle. De nombreux ensembles lui ont commandé des œuvres, dont le Kronos Quartet, Imani Winds, le Chicago Sinfonietta et le Festival d’Elora, pour ne citer qu’eux, et son carnet de commandes pour les prochaines saisons comporte de nouvelles compositions pour les orchestres symphoniques de Seattle et de Baltimore, de même que pour le Santa Fe Pro Musica. Elle est diplômée en composition de la Juilliard School et de la faculté de musique de Yale; sa thèse de doctorat, intitulée Finding Common Ground: Uniting Practices in Hindustani and Western Art Musicians, explore les méthodes et les défis du processus de collaboration entre les musiciens hindoustanis (du nord de l’Inde) et les compositeurs occidentaux. Actuellement basée à Los Angeles, elle est la directrice artistique de Shastra, une organisation à but non lucratif qui promeut la musique interculturelle en reliant les traditions musicales de l’Inde et de l’Occident.

Tutturana était à l'origine une pièce pour chœur de femmes, composée en 2014, que la compositrice a ensuite arrangée pour quintette de cuivres, sur une commande de l’ensemble The Brass Project, comme dernier mouvement d'une suite en trois mouvements intitulée Khirkiyaan. Comme elle l'explique elle-même :

Le titre de ce mouvement est forgé à partir de deux termes : l’italien tutti, qui signifie « tous » ou « tout le monde », et tarana, qui désigne une forme musicale spécifique de l’Hindoustan (nord de l'Inde) dont l'équivalent occidental le plus proche est le scat en jazz. Composé de syllabes rythmiques, un tarana est l'occasion pour l’interprète de démontrer l'agilité et la dextérité de sa voix. Bien que la version pour cuivres de cette pièce ne comporte pas les syllabes véritables de la version vocale, elle vise à mettre en valeur la brillante virtuosité de l'ensemble.

Andrew Staniland

Allusions pour hautbois et clarinette

I. introit
II. as one
III. precision vs accuracy
IV. as one, higher
V. accuracy vs precision
VI. as one, lower

Le Centre national des Arts voit en lui un « visionnaire de la nouvelle musique ». Le compositeur Andrew Staniland (né en 1977) s’est imposé comme l’une des voix les plus importantes et novatrices de la scène musicale du Canada. Sa musique, jouée et diffusée dans le monde entier, a été qualifiée par Alex Ross, dans le magazine The New Yorker, d’« alternativement belle et terrifiante ». Parmi ses nombreux prix et distinctions, soulignons qu’il a été élu au sein de la cohorte inaugurale (2014) du Collège de nouveaux chercheurs et créateurs en art et en science de la Société royale du Canada. Il a œuvré comme compositeur affilié de l’Orchestre symphonique de Toronto (2006-2009) et de l’Orchestre du Centre national des Arts (2002-2004). Il est actuellement membre du corps professoral de l’Université Memorial à St. John’s (Terre-Neuve), où il a fondé le MEARL (Memorial ElectroAcoustic Research Lab).

Fruit d’une commande conjointe du festival Chamberfest d’Ottawa, de l’OCNA, du clarinettiste Sean Rice et de la hautboïste Anna Petersen, Allusions (2021) est une collection de mouvements virtuoses pour clarinette et hautbois. Voici ce qu’en dit le compositeur :

[L’œuvre] est écrite pour mes amis Sean Rice et Anna Petersen, et leur est dédiée.

Introit met en relief le penchant de Sean pour la respiration circulaire et l’over-blowing, le hautbois d’Anna soulignant les tons et les harmoniques qui sont à la fois présentes et imaginées dans les riches tonalités de la clarinette basse. 

As One est une pièce angulaire et acrobatique qui crée l’illusion d’une seule ligne ininterrompue tracée par deux voix distinctes, explorant les similitudes et les différences de timbre entre les deux instruments. Dans la mélodie, il y a un clin d’œil voilé (ou une allusion) au thème principal de Phi, Caelestis, ma partition de ballet pour le projet RENCONTR3S de l’OCNA (Sean et Anna ont participé à la création de l’œuvre et à l’enregistrement subséquent, finaliste aux prix JUNO).

Precision vs Accuracy se penche sur le contrepoint rythmique et textural. Une ligne chromatique très vive de clarinette basse, qui s’étend sur neuf notes, est complétée par le contrepoint d’une mélodie riche et sombre de cor anglais qui bouge constamment.

As One, Higher reprend le matériau à l’unisson d’As One, cette fois dans le registre aigu des instruments. Les longues mélodies d’As One réapparaissent sous forme d’éclats et de fragments.

Accuracy vs Precision reprend le récit du troisième mouvement, mais avec une complexité inversée. Le cycle chromatique de la clarinette basse se métamorphose en arpèges de tons sombres, tandis que le hautbois trace une ligne mélodique plus lente et précise.

As One, Lower réunit le cor anglais et la clarinette basse. Ici, tout le matériau musical est repris et développé dans un finale virtuose.

Kelly-Marie Murphy

Glacial Ablations

I. Crystalline Elements
II. Ice-Sizzle
III. Runoff

On a dit de sa musique qu’elle était « à couper le souffle » (Kitchener-Waterloo Record) et on l’a dépeinte comme « imaginative et expressive » (The National Post), « un trépidant tir de barrage sur tous les sens » (The Globe and Mail), et « Bartók sous stéroïdes » (Birmingham News) : Kelly-Marie Murphy est une voix qui compte sur la scène musicale canadienne. On lui doit plusieurs œuvres mémorables pour des interprètes et des ensembles de premier plan au Canada, notamment les orchestres symphoniques de Toronto, Winnipeg et Vancouver, le Trio Gryphon, James Campbell, Shauna Rolston, les quatuors à cordes Cecilia et Afiara, et Judy Loman. Née en 1964 sur une base de l’OTAN en Sardaigne, en Italie, elle a étudié la composition à l’Université de Calgary, avant d’obtenir son doctorat en composition de l’Université de Leeds, en Angleterre. Elle est maintenant établie à Ottawa, où elle poursuit une carrière de compositrice indépendante.

Elle a composé Glacial Ablations en 2022 à l’intention de Charles « Chip» Hamann, hautbois solo de l’OCNA, qui en donne ce soir, aux côtés du pianiste Frédéric Lacroix, la création mondiale. Voici en quels termes elle décrit cette pièce :

Chip Hamann m’a invitée à créer une nouvelle pièce pour hautbois et piano, pour un projet de récital et d’enregistrement réunissant un certain nombre de compositrices et compositeurs du Canada. Ce projet avait pour thème « la nature au Canada » – sous l’angle du climat ou de nos paysages. Comme sujet, j’ai choisi les glaciers, plus précisément la façon dont nous perdons notre glace de glaciers et notre pergélisol en raison du changement climatique.

Pour ma pièce, j’ai choisi trois termes empruntés au domaine de la glaciologie et j’ai tâché de créer une musique qui y réponde. Le titre, Glacial Ablations (littéralement : « ablations glaciaires ») fait référence à la perte de glace et de neige dans un système glaciaire. Le premier mouvement, Crystalline Elements (« éléments cristallins »), est lent, et met en relief non seulement les structures délicates du piano, mais aussi l’espace et le drame, où la translucidité et l’opacité se mêlent à la réponse humaine.

Le deuxième mouvement, Ice-Sizzle (« pétillement de la glace ») est très rapide, tout en force et en urgence. Le terme fait référence au son que peuvent produire les glaciers, qui ressemble à celui de l’eau gazeuse. Le dernier mouvement, Runoff (« écoulement »), fait allusion à l’évaporation et à la détérioration du glacier. Il s’amorce sur des passages semblables à des cadences pour le hautbois et le piano, et comporte des lignes ascendantes. L’écoulement s’intensifie à mesure que les forces de l’eau en mouvement gagnent en fureur et en urgence.

Jacob ter Veldhuis

The Garden of Love pour hautbois et trame sonore

Après avoir débuté comme musicien de rock, le compositeur « avant pop » néerlandais JacobTV (Jacob ter Veldhuis, né en 1951) a étudié la composition et la musique électronique au Conservatoire de Groningue. Lauréat du prix de composition des Pays-Bas en 1980, il est devenu compositeur à plein temps et n’a pas tardé à se faire un nom avec ses compositions mélodieuses. La presse l’a qualifié de « Jeff Koons » et « hors-la-loi de la musique nouvelle », dont l’œuvre « ferait passer pour soporifiques de nombreux artistes de hip-hop » (The Wall Street Journal). Sa musique regorge de sons fluides et d’échantillons sonores excentriques tirés des actualités – « je pimente ma musique avec du sucre », affirme-t-il; les autres traits caractéristiques de son style sont ses timbres brillants, l’énergie et le dynamisme, et une intensité discrète.

Composée en mars 2002 à l’intention du hautboïste Bart Schneemann, Garden of Love est l’une des œuvres « avec boombox (‘radiocassette’) » de JacobTV, créée pour des instruments solos en direct avec une bande sonore entraînante basée sur une « mélodie parlée ». Le texte échantillonné sur la bande sonore de cette pièce est le poème « The Garden of Love » de William Blake, extrait de son recueil Songs of Experience (1794). Les autres sons échantillonnés comprennent des hautbois, un clavecin, des chants d’oiseaux que le compositeur a tirés d’enregistrements ou recueillis lui-même dans la campagne néerlandaise, ainsi que différentes sonorités électroniques.

Garden of Love s’articule en trois grandes sections et suit le texte du poème (reproduit ci-dessous). Il s’ouvre sur une introduction mettant en scène le hautbois avec des échantillons de chants d’oiseaux et de clavecin, débouchant ensuite sur l’énoncé du premier vers du poème, au milieu d’articulations staccato, d’ostinatos et de syncopes. Après une brève détente sur le mot Love, le matériau est développé davantage. La deuxième section, qui s’amorce sur « A chapel was built » (« On avait bâti une chapelle »), est caractérisée par des changements soudains d’articulation (saccadée ou fluide) et une mesure asymétrique entraînante. Sur « […] Love, that so many sweet flowers bore » (« […] l’Amour, porté par le doux parfum de tant de fleurs »), la pièce passe à la troisième section, qui repose initialement sur des accords soutenus et un chant d’oiseau, suivi d’un épisode palpitant. Cet épisode se dissipe sur « gowns » (« robes ») et le dernier vers, « binding with briars, my joys and desires » (« ligotaient avec des ronces mes joies et mes désirs ») reçoit un cadre sensuel et luxuriant, après quoi le hautbois s’envole avec le chant des oiseaux vers la conclusion de l’œuvre.

LE JARDIN DE L’AMOUR

Je suis allé au Jardin de l’Amour.

et j’y ai contemplé ce que je n’avais jamais vu :

On avait bâti une chapelle au milieu,
là où je jouais autrefois sur l’herbe.

Et les portes de cette chapelle étaient fermées,
et l’on avait écrit « Abstiens-toi » sur la porte;
Alors je me suis tourné vers le Jardin de l’Amour,
porté par le doux parfum de tant de fleurs.

Et j’ai vu qu’il était rempli de tombes,

et de pierres tombales là où auraient dû se trouver des fleurs :
Et des prêtres en robes noires faisaient leur ronde,
et ligotaient avec des ronces mes joies et mes désirs.

SIMON BOURGET

Élégie et Toccata du Trio pour cor, violoncelle et piano, op. 7

Originaire de Dieppe, au Nouveau-Brunswick, le corniste et compositeur Simon Bourget est deuxième cor de l’Orchestre Métropolitain (OM) depuis 2017 et cor solo de l’Orchestre symphonique de l’Estuaire (Rimouski, Québec) depuis 2016. Sa carrière l’a amené à se produire avec de nombreux ensembles canadiens de premier plan, dont l’Orchestre symphonique de Montréal, l’Opéra de Montréal, Les Violons du Roy, Sinfonia Nova Scotia, le quatuor de cors Katcor, l’orchestre baroque Ensemble Caprice et plusieurs autres. Il est diplômé de l’Université de Moncton, de l’Université McGill et de l’Université de Montréal. Il a commencé à composer à un âge précoce; parmi les œuvres qu’il a récemment achevées, mentionnons un Concerto pour cor destiné à son collègue de l’OM, Louis-Philippe Marsolais, et un Trio pour cor, violoncelle et piano, dont nous entendrons deux mouvements ce soir. Commandée à l’origine par le Chamberfest d’Ottawa, Élégie a été créée en août 2021. L’intégrale du Trio sera créée en octobre 2022.

Le compositeur décrit son Trio en ces termes :

Le trio pour cor, violoncelle et piano, surnommé « Pathétique », se caractérise par un langage inspiré des compositeurs de la première moitié du XXe siècle. La polytonalité, les dissonances assumées, les rythmes syncopés et saccadés, les changements de caractère subits; autant de techniques d’écriture que j’affectionne particulièrement et qui me donnent accès à un esthétisme que j’aime qualifier de machiavélique. Étant d’abord musicien de profession, j’aspire plutôt spontanément à développer une écriture instrumentale aussi idiomatique qu’efficace. Il m’importe d’ailleurs que chaque partie puisse être jouée avec une aisance naturelle.

Le premier mouvement, Élégie, dont la forme variable est caractérisée par un ton plaintif, est sous forme sonate. Le thème lyrique de l’exposition est présenté par le violoncelle et ensuite réintroduit par le cor à la réexposition. Le développement demeure plus mystérieux et incertain avec un thème plus léger. La fin de ce mouvement présente le soupçon d’un motif plutôt rêveur que l’on retrouvera dans le troisième ainsi que le quatrième mouvement de ce trio.

Le deuxième mouvement, Toccata, est un mouvement de forme libre. Il est caractérisé par des figures brillantes, sa virtuosité et son énergie rythmique. Le thème, qui revient assez souvent, devient de plus en plus impétueux, avec une puissance sonore croissante due particulièrement à la nature du cor.

Artistes

  • cor Louis-Pierre Bergeron
  • hautbois Charles Hamann
  • trompette Karen Donnelly
  • piano Frédéric Lacroix
  • tuba Chris Lee
  • violoncelle Marc-André Riberdy
  • hautbois, cor anglais Anna Petersen
  • trombone Donald Renshaw
  • animateur, clarinette et clarinette basse Sean Rice
  • trompette Steven van Gulik
  • cor Lawrence Vine