Musique pour un dimanche après-midi - Webdiffusion gratuite

L'OCNA à la Quatrième

2023-04-16 15:00 2023-04-16 16:30 60 Canada/Eastern 🎟 CNA : Musique pour un dimanche après-midi - Webdiffusion gratuite

https://nac-cna.ca/fr/event/34028

CNA en direct

Musique pour un dimanche après-midi est de retour à la Quatrième Salle, notre salle la plus intimiste, pour des concerts conviviaux de musique de chambre classique et contemporaine signée par un éventail varié de compositeurs fascinants. Installez-vous dans un décor de cabaret pour voir et écouter les interprètes de l’Orchestre du CNA briller en solo, et aux côtés d’invités spéciaux....

Read more

En ligne
dim 16 avril 2023
Diffusion en direct

Dernière mise à jour: 16 avril 2023

Programme

FRANZ DANZI Duo no 1 en do majeur pour alto et violoncelle (16 min)  
I. Allegro
II. Andante con moto
III. Allegretto 

IAN CUSSON The Garden of Earthly Delights pour violon et piano (10 min)  

WOLFGANG AMADEUS MOZART Trio no 5 en do majeur pour piano et cordes, K. 548 (20 min)  
I. Allegro
II. Andante cantabile
III. Allegro 

INTERMISSION 

JOHANNES BRAHMS Quatuor pour piano et cordes n° 3 en do mineur, op. 60 (35 min) 
I. Allegro non troppo
II. Scherzo: Allegro
III. Andante 
IV. Finale: Allegro comodo

Répertoire

FRANZ DANZI

Duo no 1 en do majeur pour alto et violoncelle

I. Allegro
II. Andante con moto
III. Allegretto

En 1801 et 1802, le prolifique compositeur allemand Franz Danzi (1763-1826) a composé deux séries de duos pour alto et violoncelle – une première série de trois sans numéro d’opus, et une seconde série de trois publiée sous le numéro d’opus 9. Il existe peu de détails sur les circonstances dans lesquelles il les a créés; à l’époque, il occupait depuis trois ans le poste de vice-kapellmeister chargé de l’opéra allemand et de la musique d’église à la cour de Munich. Cependant, pendant une quinzaine d’années auparavant, il avait été le violoncelle solo de l’orchestre de la cour. Bien qu’il ne soit pas certain qu’il les ait interprétées lui-même, il est probable qu’il les ait écrites en vue de leur publication, afin de répondre à la demande croissante de musique de chambre. 

Les duos de Danzi sont des pièces attrayantes, combinant des mélodies agréables et harmonieuses, une utilisation habile (et parfois ludique) des formes classiques établies, et quelques incursions légèrement aventureuses dans l’harmonie et le chromatisme de style romantique – dans cette perspective, il s’agit en effet d’œuvres plutôt progressistes pour leur époque. De plus, comme on peut l’entendre dans la pièce interprétée aujourd’hui (le no 1 de la première série), elles sont assez exigeantes pour leurs interprètes, qui doivent faire preuve de finesse dans l’expression et la technique musicales. 

Joyeux et vigoureux, l’Allegro en do majeur s’amorce avec une élégance majestueuse. Plus tard est introduite une phrase conclusive pleine d’esprit, avec un motif de notes répétées; elle revient tout au long du mouvement comme un commentaire émis sur un ton badin. Un épisode dynamique en mode mineur débouche ensuite sur un thème aimable, exposé par l’alto, après quoi le violoncelle entonne un air enjoué. Après une section centrale énergique dans laquelle le thème principal et le motif des notes répétées sont développés plus avant, le matériau antérieur est repris avec quelques variations – Danzi échappe aux conventions en plaçant la mélodie d’ouverture en fa majeur, plutôt que dans la tonalité initiale, et plus tard, le violoncelle et l’alto échangent leurs places pour présenter les deuxième et troisième thèmes.

L’Andante en fa majeur démarre délicatement, alors que l’alto chante avec lyrisme sur un accompagnement tout en douceur du violoncelle. Passant au mode mineur, le violoncelle prend le relais avec une mélodie mélancolique, presque suppliante, à laquelle répond l’alto. La tension est ensuite relâchée par deux énonciations modulées de la phrase d’ouverture, menant à une reprise de la délicate première section.

L’Allegretto final illustre la prédilection de Danzi pour les mouvements commençant loin de la tonique – l’alto jouant une mélodie légèrement angoissée en la mineur avant de se déployer en do majeur. Un mordant facétieux apparaît, comme pour chasser les soucis. Entre les passages de cette musique récurrente, plusieurs épisodes se succèdent, les instruments présentant des mélodies de caractère différent, tour à tour assurées, plaintives et gracieuses. Soyez à l’affût de ce moment remarquable où l’alto et le violoncelle, comme s’ils dansaient, font des pas légers puis glissent ensemble sur des portamentos expressifs. Tendez aussi l’oreille à la brève cadence virtuose pour l’alto qui précède le retour final de la mélodie principale. 

Notes de programme par Hannah Chan-Hartley (traduit de l’anglais)

IAN CUSSON

Le Jardin des délices pour violon et piano

En 2020, la violoniste Nancy Dahn et le pianiste Timothy Steeves du Duo Concertante ont commandé cinq nouvelles œuvres pour leur projet Ecology of Being, dans le cadre duquel les deux artistes ont cherché à explorer, en musique, « l’idée, le sentiment et l’expérience traumatique d’une terre perdue, tout en chérissant la joie d’un monde que nous aimons » à la lumière de l’actuelle urgence climatique. L’une de ces pièces est The Garden of Earthly Delights de Ian Cusson (né en 1981), compositeur d’origine métisse (communauté métisse de la baie Georgienne) et canadienne-française. Son titre est emprunté au tableau qui l’a inspiré, Le Jardin des délices du peintre médiéval tardif hollandais Jérôme (Hieronymus) Bosch, que le compositeur a vu dans sa jeunesse et qui lui a laissé une profonde impression : « Je me souviens d’avoir été intensément troublé par ces images à la fois terrifiantes et merveilleuses. » À ses yeux, la pièce évoque musicalement les émotions complexes générées par les images du tableau, « qui parlent du rapport qu’entretient l’humanité avec la nature et de sa responsabilité à l’égard du monde dans lequel nous vivons. »

La pièce se déroule comme le triptyque de Bosch, de gauche à droite. Après des accords solennels au piano, le violon chante un soliloque méditatif (Nancy Dahn l’évoque comme « une voix dans la jungle »), comme s’il contemplait la beauté grandiose de la terre, à l’instar du panneau gauche du tableau décrivant la perfection terrestre du jardin d’Eden. Quand le piano revient, ils échangent des lignes sinueuses et, après une calme méditation au piano, le matériau est développé par le violon. Le climat s’intensifie avant de s’apaiser sur les harmoniques éthérées du violon.

La musique s’accélère dans la seconde moitié, se transformant en une danse étrange et exubérante. C’est le monde du Jardin des délices dépeint dans le panneau central, dans lequel on peut voir l’humanité vivre l’instant présent de manière insouciante et irréfléchie. La danse devient de plus en plus sauvage et endiablée, jusqu’à atteindre un premier point culminant. Après un moment de suspension insolite, la danse primitive reprend, devenant cette fois plus agressive, menant à un second pic de dissonances et de cordes de violon grinçantes qui évoquent les bruits de la destruction. Le piano s’interrompt sur un avertissement (les accords d’ouverture quelque peu embellis), faisant place au retour de la « voix dans la jungle » qui réfléchit maintenant aux conséquences et aux séquelles de la dévastation, comme celles qui sont évoquées dans le paysage infernal du panneau droit du triptyque de Bosch.

Notes de programme par Hannah Chan-Hartley (traduit de l’anglais)

WOLFGANG AMADEUS MOZART

Trio pour piano No 5 en do majeur, K. 548

I. Allegro
II. Andante cantabile
III. Allegro

Dans la seconde moitié du XVIIIe siècle, le piano a commencé à supplanter le clavecin comme instrument à clavier de prédilection des musiciens professionnels pour les concerts publics. Mozart (1756-1791) était le principal partisan du piano à queue de type allemand, apprécié pour sa sonorité à la fois dense et limpide. Vantant les qualités de cet instrument alors relativement nouveau, il en a considérablement enrichi le répertoire, composant notamment pour lui des concertos, des sonates en solo et des œuvres de musique de chambre, dont des sonates en duo, des quatuors avec piano et des trios avec piano. Ces derniers constituent des apports particulièrement remarquables à la littérature pianistique. Ce qui distingue les trios avec piano de Mozart de ceux de ses prédécesseurs (comme Carl Philip Emanuel Bach et Joseph Haydn), c’est qu’il traite les trois instruments plus ou moins en égaux, au lieu de cantonner les instruments à cordes dans des rôles secondaires par rapport à la partie soliste au clavier. 

Le K. 548 en do majeur a été composé en 1788, deuxième d’une paire de trios pour piano (avec le K. 542) qu’il a achevée cet été-là, à peu près au moment où il écrivait ses symphonies en mi bémol majeur et en sol mineur (nos 39 et 40). Il est possible que ce trio ait été joué à la faveur d’un des concerts dans lesquels il présentait ses nouvelles œuvres orchestrales. Le premier mouvement présente de vifs contrastes, alternant entre des moments d’une grande hardiesse et d’une émouvante délicatesse. Après un audacieux appel lancé par les trois instruments ensemble, le piano répond avec le thème principal, qui est ensuite repris par le violon. La musique conserve son caractère énergique (le piano bénéficie de nombreux mélismes flamboyants) jusqu’à la section centrale du développement, qui passe soudainement en mode mineur, alors que le motif d’ouverture arbore un aspect frondeur. Mais il prend ensuite un virage plutôt plaintif, avec des phrases gémissantes et des changements chromatiques; plus tard, la mélodie principale apparaît, hésitante et interrogative. Mais bientôt, l’hésitation est balayée et la confiance est réaffirmée avec le retour du thème d’ouverture. Cette fois, alors que le matériau de la première moitié est repris, des allusions au pathos de la section centrale sont intégrées tout au long, avant qu’un optimisme sans faille ne l’emporte finalement. 

Sur fond de notes soutenues au violon et au violoncelle, le piano ouvre l’Andante cantabile avec un thème tendrement lyrique. Il poursuit, calme et détendu, avec des phrases élégantes auxquelles répondent tour à tour le violon et le violoncelle. La section centrale commence par un contraste soudain, les trois instruments entonnant ensemble une phrase austère. Comme pour apaiser, les cordes jouent le thème d’ouverture, à partir duquel un motif fait de mélismes légèrement rebondissants est transmis d’un instrument à l’autre, tandis que le piano poursuit avec des phrases lyriques. Au retour du matériau initial, de nouveaux changements d’harmonie et une intensification chromatique lui confèrent une qualité plus recherchée, avant qu’il ne se déploie jusqu’à sa sereine conclusion.

L’Allegro final est un charmant rondo, avec un air récurrent et enjoué exposé par le piano, puis repris par le violon. Après un nouveau dialogue, le premier épisode met en valeur le piano, qui joue des passages étincelants, tandis que les cordes échangent des motifs du thème principal. L’épisode central en mode mineur possède une certaine intensité ténébreuse, mais celle-ci se dissipe rapidement avec le retour du thème principal, cette fois orné de petits embellissements amusants. Vers la fin, des motifs chromatiques tortueux troublent l’humeur allègre, mais tout doute persistant est dissipé dans l’énoncé final du thème, emphatiquement joyeux, par les trois instruments.

Notes de programme par Hannah Chan-Hartley (traduit de l’anglais)

JOHANNES BRAHMS

Quartet pour piano No. 3 en do mineur, op. 60

I. Allegro non troppo
II. Scherzo : Allegro
III. Andante
IV. Finale : Allegro comodo

En 1855, Johannes Brahms (1833-1897) commence à travailler à un quatuor pour piano en do dièse mineur, qu’il termine l’année suivante, puis met de côté. Près de vingt ans plus tard, il y revient. Insatisfait de ce qu’il a initialement écrit, il remanie l’œuvre en profondeur : il transpose le quatuor en do mineur, le finale devint le scherzo, et il compose deux nouveaux mouvements conclusifs. Le 18 novembre 1875, le nouveau quatuor est créé à Vienne par les membres du Quatuor Hellmesberger, avec le compositeur au piano.

Quand Brahms envoie la partition achevée à son éditeur Fritz Simrock, il y joint un message libellé comme suit : « Sur la couverture, vous devez placer une image, à savoir une tête avec un pistolet pointé sur elle. Cela vous donne une idée de la musique! » Il laissait ainsi entendre que l’œuvre était une illustration musicale de Werther, le jeune héros du roman de Goethe de 1774 qui tombe amoureux d’une femme, mariée à un homme avec lequel il se lie d’amitié, et qui finit par se suicider pour résoudre cette situation épineuse. Mais dans ce trait d’humour noir, les parallèles avec la vie personnelle de Brahms sont évidents. Quand il a conçu la version initiale de cette œuvre, à 23 ans, il était déjà un familier de Robert et Clara Schumann et avait développé des sentiments passionnés pour cette dernière alors que le premier, qu’il admirait beaucoup, languissait dans un établissement psychiatrique. La tourmente émotionnelle qu’il a ressentie a clairement marqué ce quatuor pour piano, en particulier le premier mouvement.  

Après une seule série d’octaves au piano, les cordes entonnent un motif de deux notes, comme si elles soupiraient « Clara », qui se transforme ensuite en une version transposée du « motif de Clara » de Robert (mi bémol, ré, do, si, do). Ce motif est répété dans une autre tonalité, puis débouche sur un épisode tumultueux. Un motif agité dans les cordes se change en murmures, avant de se fondre dans un deuxième thème radieux qui progresse en quatre courtes variations. L’humeur retombe dans la mélancolie au début de la section centrale, puis se fait provocatrice et stridente. L’ambiance orageuse et conflictuelle se maintient, à l’exception d’un moment qui fait écho au second thème et paraît surgir d’un autre monde. Mais la rêverie ne dure pas – elle est bientôt submergée par des rythmes pointés agressifs, menant à une coda frémissante qui finit par s’effondrer, épuisée. 

Prolongeant l’agitation passionnée du mouvement précédent, le Scherzo s’avance dans une atmosphère menaçante, créant un drame électrisant entre les instruments. La traditionnelle section de trio contrastante, qui aurait pu offrir un répit apaisant, brille par son absence. Seul un thème mélancolique, semblable à un chant, parvient à interrompre à deux reprises les rythmes persistants, qui mènent inexorablement à une audacieuse conclusion.

La chaleur et la tendresse arrivent enfin dans le troisième mouvement – une mélodie sans paroles qui brille de la lueur nostalgique du souvenir d’un grand amour. Le violoncelle entonne d’abord la tendre mélodie, puis le violon le rejoint et leurs voix s’entremêlent dans un duo sensuel. Plus tard, le piano rappelle la mélodie sur un fond évocateur d’alto et de violoncelle en pizzicato. 

Le malaise et l’agitation reviennent dans le finale, qui est dominé par un motif brève-brève-brève-longue (probablement une référence au motif dit « du destin » dans la Cinquième symphonie de Beethoven). Il est d’abord introduit tout en légèreté et en douceur par le piano, mais il gagne ensuite en puissance et en hardiesse, en particulier dans la section centrale du développement. Alors que le piano murmure presque sans interruption, le violon halète des phrases plaintives descendantes (une version inversée du « motif de Clara » du premier mouvement – si, do, ré, mi bémol, fa, mi bémol). Un bref répit survient dans l’univers de l’affable second thème, évoquant un choral, d’abord entendu dans les cordes, puis repris de façon majestueuse par le piano dans un do majeur éclatant vers la fin du mouvement. La coda s’amenuise peu à peu, comme pour marquer la résignation, avant qu’une forte cadence en do majeur ne vienne mettre brusquement un terme à toute cette agitation. 

Notes de programme par Hannah Chan-Hartley (traduit de l’anglais)

Artistes

  • violon Yosuke Kawasaki
  • Paul Casey
    alto Paul Casey
  • violoncelle Karen Kang
  • piano Vadim Serebryany
  • Avec Oxbow Trio