L’école à l’œuvre : « Un camp d’entraînement pour l’imaginaire »

En février, l’artiste Marie-Ève Fontaine s’est installée dans une classe de l’école Omer-Deslauriers. © Jonathan Lorange
En février, l’artiste Marie-Ève Fontaine s’est installée dans une classe de l’école Omer-Deslauriers. © Jonathan Lorange
En février, l’artiste Marie-Ève Fontaine s’est installée dans une classe de l’école Omer-Deslauriers. © Jonathan Lorange
En février, l’artiste Marie-Ève Fontaine s’est installée dans une classe de l’école Omer-Deslauriers. © Jonathan Lorange
En février, l’artiste Marie-Ève Fontaine s’est installée dans une classe de l’école Omer-Deslauriers. © Jonathan Lorange
En février, l’artiste Marie-Ève Fontaine s’est installée dans une classe de l’école Omer-Deslauriers. © Jonathan Lorange

L’école à l’œuvre est une série d’ateliers créatifs destinée aux élèves de la région.

Amener les élèves à stimuler leur imaginaire tout en utilisant leur connaissance d’un texte narratif, c’est ce que propose l’artiste multidisciplinaire Marie-Ève Fontaine avec le projet l’École à l’œuvre. Depuis 2018, la Franco-Manitobaine, qui réside à Ottawa, conçoit des séries d’ateliers et travaille en partenariat avec le Théâtre français du Centre national des Arts pour les offrir à des jeunes de 10 à 16 ans dans des écoles de partout au pays.

En février, l’artiste spécialisée de théâtre de marionnettes s’est installée dans deux classes d’Ottawa, dont celle de Sadia Dahoumane, enseignante de la classe d’accueil à l’école Omer-Deslauriers, pour y offrir une série d’ateliers. Une classe hétéroclite composée de nouveaux arrivants âgés de 12 à 14 ans, dont la plupart ont commencé à apprendre le français il y a à peine quelques mois. 

Si pour Marie-Ève Fontaine, les ateliers sont une belle occasion de valoriser les arts et d’inciter les jeunes à plonger dans leur imaginaire, pour l’enseignante Sadia Dahoumane, ils permettent une ouverture sur la culture canadienne tout en s’initiant au français de manière créative. 
 

Cette année, l’atelier-résidence que vous offrez s’intitule La boîte paysage. En quoi ça consiste plus exactement? 

Marie-Ève Fontaine : Ce sont de petites boîtes bricolées dans lesquelles on insère un long dessin qui, lorsqu’on tourne une manivelle, raconte une histoire. Les élèves sont toujours surpris lorsque je leur présente le projet et curieux de savoir comment on va le concrétiser. Ils dessinent leur paysage et créent leur histoire eux-mêmes. Ils plongent dans leur imaginaire et la plupart inventent des histoires qui ne leur sont jamais arrivées. C’est pourquoi j’appelle ces ateliers un camp d’entraînement pour l’imaginaire. 

Comment les amenez-vous à raconter une histoire en images?

M.-È. F. : Ce n’est pas évident d’inventer une histoire. Alors au début, je leur donne des outils, on fait des exercices pour créer une banque d’idées. Je leur dis de dessiner des personnages, d’abord un super héros, ensuite un animal qui parle et enfin un objet inanimé qui s’animera avec le dessin. Lorsqu’ils écrivent leur histoire, je les encourage à être farfelus. Et c’est le fun de les voir s’abandonner. Ces élèves récemment arrivés s'habituent à leur nouvelle réalité scolaire, ils doivent apprendre une langue, et tout d'un coup on leur dit ouvre ton cerveau, on veut voir les images qui s'y trouvent. Et je pense qu'il y a un côté libérateur.

D’un point de vue éducatif, quels sont les avantages à sortir du modèle conventionnel pour aborder des enseignements traditionnels? 

Sadia Dahoumane : Il n’y a que des avantages! Avec La boîte paysage, Marie-Ève Fontaine nous a permis de mieux comprendre la structure du texte narratif – qu’on avait déjà abordée –, ça devenait plus concret. Les élèves étaient très impliqués. Et ils ont dû faire appel à toute leur imagination et à leur créativité pour la traduire en images. C’est une expérience qu’ils n’oublieront pas.

Est-ce que ces ateliers sont une bonne façon d’améliorer leur français? 

S.D. : C’est sûr que pour certains, l’écriture c’est difficile, surtout quand on n’a pas tout le bagage et qu’on a des lacunes en vocabulaire, en structure de phrase. Mais ç’a été un déclic pour eux. Je pense notamment à une jeune fille qui est arrivée en décembre et qui ne parlait presque pas français. Mais elle était vraiment engagée et a vraiment bien réussi à raconter son histoire. C’est extraordinaire! 

Est-ce aussi une façon d’initier les jeunes nouveaux arrivants à la culture canadienne? 

S. D. : C’est une ouverture vers le monde, on essaye de socialiser aussi. Ce n’est pas juste l’écriture d’un texte narratif, plusieurs autres compétences sont abordées. On parle de la société canadienne, de sa culture, ce sont des choses qu’ils ne connaissaient pas. C’est aussi l’occasion de faire de l’insertion sociale, de rencontrer un nouveau visage, de discuter avec de nouvelles personnes. Tout est nouveau pour eux. Donc ça nous permet de vivre de belles expériences. 

Ce sont des jeunes qui sont à des moments charnières de leur orientation. Est-ce un moyen de susciter des vocations artistiques?

S.D. : Ça se peut très bien! J’ai découvert des élèves qui dessinaient très bien, alors que je n’avais jamais soupçonné qu’ils avaient ce talent. Pour certains, ça peut être un déclic.

M.-È. F. : Je pense que c'est une façon de déclencher ou de catalyser une vocation chez les jeunes. Et de leur montrer qu’il est possible d’en faire un métier. C’est aussi l’occasion de mettre en valeur l’art, de leur dire que ça vaut la peine. Il y a des jeunes qui sont moins bons dans un parcours traditionnel, mais ces ateliers sont une approche alternative à l'apprentissage. Et ce sont souvent eux qui ressortent du lot.


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