Camp de théâtre Eskasoni : Susciter une passion pour les planches

Camp de théâtre Eskasoni © Basque photography
Camp de théâtre Eskasoni © Basque photography
Camp de théâtre Eskasoni © Basque photography
Camp de théâtre Eskasoni © Basque photography
Camp de théâtre Eskasoni © Basque photography

Se découvrir une passion en participant à un camp de théâtre, c’est l’objectif du partenariat entre la plateforme d’apprentissage et de médiation culturelle du Centre National des Arts, Arts Vivants, le Théâtre autochtone du CNA, le Highland Arts Theatre et la communauté d’Eskasoni, tous deux au Cap-Breton, en Nouvelle-Écosse.

Le camp de théâtre d’Eskasoni, qui a débuté à l’été 2021, permet à des jeunes de la Première Nation d’Eskasoni de rencontrer, pendant quelques jours, des professionnels du théâtre et de s’initier aux rudiments du théâtre.

« C’est l’occasion, pour les jeunes, d’avoir une vision d’ensemble du théâtre, d’en apprendre davantage sur la danse, le chant, et le jeu théâtral. Et de savoir à quoi s’attendre s’ils décident de poursuivre dans cette voie », résume Garren Lucas Denny, conseiller famille et adolescence à l’Association autochtone de consultation sur l’alcoolisme et la toxicomanie de la Nouvelle-Écosse (NADACA). 

Les deux éditions du camp de théâtre ont affiché complet, et ce malgré la pandémie. En 2021, 10 participants se sont initiés au théâtre, tandis qu'en 2022, 14 jeunes âgés de 10 à 25 ans y ont assisté, dont certains pour une deuxième année consécutive. 

Si le centre NADACA coordonne et accueille le camp, ce sont les artistes du Highland Arts Theatre, sous la direction de Wesley Colford, qui ont dispensé les ateliers au cours des cinq jours qu’a duré le camp cet été. « Ils ont partagé leurs réflexions, offert des conseils, et expliqué leur parcours », raconte le coordonnateur originaire d’Eskasoni.

Les jeunes ont aussi pu entendre – virtuellement - les talents de la conteuse Mi’kmaq shalan joudry, tandis que les membres du Théâtre autochtone ont abordé le travail en coulisses. « Ils ont parlé de ce qu’ils font, les départements avec lesquels ils travaillent, la façon de monter une programmation », détaille M. Denny.

De fil en aiguille

Les liens entre le CNA et la communauté d’Eskasoni se sont tissés au fil des ans. Tout a commencé en 2016, avec le Projet national de chanson inspirée de Rita Joe de l’Orchestre du CNA, où des jeunes d’Eskasoni, et de quatre autres communautés autochtones au Canada, ont composé et interprété des chansons originales. L’année suivante l’Orchestre du CNA a livré un concert mémorable à Eskasoni, dont l'interprétation de I Lost my Talk (J’ai perdu ma langue) du compositeur canadien John Estacio. Cette commande du CNA est inspirée d’un poème du même nom de la réputée aînée et poète mi'kmaq Rita Joe, et a été créée en consultation avec la famille de cette dernière ainsi que la communauté.

L’Orchestre du CNA et la communauté d’Eskasoni se sont retrouvés une fois de plus en 2019, dans le cadre de la journée « Apiksiktuaqn », une journée de musique et d’art sous le signe du pardon et de la guérison. L’occasion pour les musiciens de l’Orchestre du CNA, de Symphony Nova Scotia et les artistes de la nation Eskasoni, Ursula Johnson et Richard Poulette, de se rassembler. C’est là, que l’idée du camp de théâtre a germé. Différentes disciplines artistiques étaient déjà proposées au centre local de NADACA, mais le théâtre restait encore inexploité.

« L’intérêt était là, mais il n’y avait pas de soutien d’apprentissage dans ce domaine. Nous ne connaissions personne d’ici qui est impliqué dans le théâtre », indique M. Denny.

Garren Lucas Denny œuvre depuis plusieurs années à faire de la prévention auprès des jeunes de la communauté d’Eskasoni, en leur offrant un lieu sécuritaire « loin des problèmes du monde, loin de l’alcool et de la drogue », où ils peuvent se retrouver et faire des activités.

En leur offrant ainsi un espace sécuritaire et stimulant, et en mettant à leur disposition les outils adéquats, les jeunes peuvent se trouver une passion et poursuivre dans cette voie.

Aller plus loin

Des passions, le camp de théâtre Eskasoni en a réveillé depuis deux ans, selon Garren Lucas Denny. Comme cette jeune fille qui, après cinq jours, a décidé de s’inscrire à des classes au Highland Arts Theatre.

« Le camp leur donne l’espace d’être ou de s’exprimer tout en ayant un soutien. Ils ont l’occasion de voir des professionnels livrer des performances, leur parler de ce qu’ils font, c’est inspirant pour ces jeunes et ça les incite à faire ce qu’ils aiment. Le camp peut permettre à une idée de germer et fleurir. »

Les coordonnateurs du centre sont eux aussi « maintenant plus outillés pour aiguiller les jeunes s’ils veulent continuer dans ce domaine ».

Le camp de théâtre n’a pas suscité un intérêt seulement chez les plus jeunes. Garren Lucas Denny s’est, lui aussi, épris de la scène. « Quand je suis allé voir un spectacle au Highland Arts Theatre pour la première fois, j’ai adoré ça! J’ai même auditionné pour différents rôles pour la saison à venir », lance-t-il fièrement.

Il va de soi que Garren Lucas Denny souhaite que le camp de théâtre soit proposé chaque année, pour continuer de faire naître chez certains une passion, une vocation ou une carrière artistique. « Un jour, nous verrons peut-être plus de comédiens, de chanteurs ou d’experts en théâtre issus d’Eskasoni grâce à ce programme », espère-t-il.


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