«  Une source de financement secrète au Canada »

The Darkest Dark © Young People’s Theatre.

Celle-ci est publiée à la mémoire de Peter Herrndorf. Peter est décédé le samedi 18 février et laisse dans le deuil sa famille et des milliers et des milliers de personnes qui ont eu la chance de le connaître. Le Fonds national de création (FNC) a été créé sous son regard attentif et chaque succès auquel le Fonds a participé, c'est grâce à la vision de Peter pour la culture sur cette terre. On poursuit notre travail en sachant combien il était important pour lui que nous le fassions. 

Le FNC a six ans. Notre objectif de départ était d’exister au moins cinq ans et, maintenant, nous nous dirigeons vers nos sept ans. Au FNC, l’essentiel de notre travail est d’aimer passionnément les œuvres dans lesquelles nous investissons. Ai-je besoin de dire à quel point notre travail est formidable?

Voici plusieurs excellentes nouvelles. Nous avons tout récemment investi dans Qaumma, une création fascinante de Laakkuluk Bathory et Vinnie Karatek au sujet des répercussions des changements climatiques sur la vie nordique. La production sera présentée dans une jolie ville canadienne, en juin. Par ailleurs, l’artiste montréalaise Sylvia Cloutier s’est jointe à notre équipe de sélection, et l’artiste winnipegoise Debbie Patterson, à notre comité consultatif national.

Au début de février, Chris Dearlove et moi étions à Vancouver pour voir la pièce Forgiveness, du dramaturge Hiro Kanagawa, d’après une adaptation du récit de Mark Sakamoto. La semaine précédente, en compagnie de notre merveilleuse collègue Sarah Conn, nous étions à Toronto pour assister à Fall On Your Knees, l’adaptation scénique du roman d’Ann-Marie MacDonald par Hannah Moscovitch et Alisa Palmer. Nous avons aussi eu la chance de voir Sky Dancers de Barbara Diabo au CNA d’Ottawa et, plus récemment, The Storyville Mosquito de Kid Koala au Diamant de Québec. Pas tout à fait d’un océan à l’autre, mais il faut dire que nous sommes maintenant en route vers la Lune pour assister à la production historique, dans tous les sens du terme, The Darkest Dark, de Chris Hadfield et Kate Fillion, adaptée à la scène par Jim Millan et Ian McIntyre.

Dernièrement, le Fonds national de création a été qualifié de « source de financement secrète » dans un article de Kelly Nestruck, du Globe and Mail. Je préfèrerais que le chat sorte du sac. Je préfèrerais clamer ce secret aux collines qui le répercuteraient. C’est peut-être pourquoi je me sens obligée de citer deux fois plutôt qu’une le Globe; parce que je suis d’accord avec l’auteur quand il écrit : « J’espère que le CNA trouvera une façon d’établir le Fonds de façon permanente, puisque celui-ci contribue à la réalisation du mandat “national” du Centre national des Arts d’Ottawa. » Je le souhaite aussi.

Notre pays abrite de multiples nations. Plus de cinquante nations, dix provinces, trois territoires, d’innombrables communautés, villes… Dans ce contexte, un Centre national des Arts est un endroit quelque peu étrange et illusoire. On pourrait dire qu’il contient l’idée d’un pays qui n’a jamais existé. Cela a toujours été la réalité, mais à mesure que les dynamiques changent et que les voix des communautés s’élèvent, à mesure que justice est rendue, cette réalité devient de plus en plus évidente. L’idée du « Canada » qui est à l’origine du Centre national des Arts est une IDÉE DÉPASSÉE. Et d’aucuns diraient que cette idée a mal vieilli. Mais… imaginer une maison qui héberge une multitude de nations? Un centre consacré aux arts comme un lieu de rencontre des nations? Ça, c’est judicieux! C’est ainsi que je conçois le CNA quand j’y pense, quand je parcours ses couloirs. C’est un lieu vivant, qui bourdonne d’activités. On s’y stationne juste pour aller se balader le long du canal. Des jeunes viennent y terminer leur devoir en sciences sociales parce qu’ils ont entendu parler de la luminosité du lieu, de ses chaises confortables et de son excellent réseau sans fil. Les adeptes de café. Les curieux et curieuses du midi qui se demandent s’il y a de l’action dans nos espaces publics, la dirigeante, le maestro, le chef cuisinier, le préposé au nettoyage, la metteuse en scène, l’ingénieure, l’activiste de gauche, le journaliste, le nouveau-né, la parlementaire, les touristes, la frileuse, le fatigué, les artistes, les idéalistes.

Comme le Fonds établit des liens créatifs d’un océan à l’autre, à l’autre, je crois que nous avons le potentiel de devenir l’une des principales artères du gigantesque cœur des arts de la scène au Canada. Heureusement, il y a de nombreuses artères, ralliées autour d’une compréhension commune du pouvoir de la création. Nous ne travaillons pas seuls. Nous collaborons avec des artistes et des organisations. Et nous souhaitons accroître ces collaborations. Le Fonds national de création est fier de faire partie d’un groupe de personnes et d’institutions conscient des avantages et de la nécessité de favoriser la création. Mais le CNA est aussi un centre, un lieu de rassemblement, et par conséquent, j’estime que notre travail est au cœur de la discussion sur la création. Nous souhaitons que le FNC défende cette idée dans le cadre de toutes ses collaborations : axer la création sur la communauté aux multiples facettes qu’est le Canada.

Pour voir concrètement les retombées du Fonds, joignez-vous à moi lors de la présentation de The Darkest Dark (jusqu’au 2 avril) au Young People’s Theatre de Toronto. Chris Hadfield est allé dans l’espace. Grâce à son travail et aux artistes avec qui il a travaillé, les enfants de tous âges ont l’occasion de réfléchir à la noirceur. Qu’est-ce qui nous effraie? Pourquoi? Il fallait bien un astronaute pour nous aider à affronter l’obscurité.

Ou à votre Centre des Arts préféré à Ottawa? I Forgive You de Scott Jones et Robert Chafe, est à l’affiche du CNA du 1er au 11 mars. Cette pièce de théâtre extraordinaire, sur une musique de Sigur Rós, examine en profondeur le coût du pardon face à un événement horrible aux conséquences majeures. Que veut dire pardonner? Interprétée par deux acteurs, Scott Jones et un chœur de jeunes, cette pièce nous invite à rire, à pleurer et à se pencher sur la fragilité de notre existence.

Ou encore à Montréal, allez voir Si vous voulez de la lumière au Théâtre Prospera du 1er au 11 mars et plongez dans cette réinterpréation de faust et du monde tel qu'on le connait.

Vous êtes à Halifax? À London, Ontario, ou à Ottawa? Que diriez-vous d’aller voir l’incroyable Fall On Your Knees d’Ann-Marie MacDonald, choix de la critique du Globe and Mail dès les premières représentations à Toronto? Un spectacle plus grand que nature à ne pas manquer!

Et si vous avez des histoires à propos de Peter Herrndorf à partager, on serait vraiment ravis de les lire.

Merci de m'avoir lue, nous apprécions vraiment l'intérêt que vous nous portez. 

***

Notre plus récent investissement : Qaumma de Laakkuluk Williamson Bathory et Vinnie Karetak


Événements connexes

Si vous aimez cette histoire, vous aimerez aussi :

Inscrivez-vous à l'infolettre pour être les premiers informés!