Land and Abolition

Raven Davis

Déclaration de l’artiste

Land and Abolition: A Love Story est un court métrage sur l’abolition. Écrit et interprété par l’artiste Raven Davis, ce court métrage est une enquête dans laquelle la Terre elle-même interroge la logique carcérale, la punition et le mal, et la façon dont elle se faufile dans nos vies, nos familles, nos relations intimes et nos communautés. C’est une reconnaissance des enseignements qui nous viennent de la Terre, et de la façon dont ils peuvent être appliqués dans la quête de justice, de responsabilité et de réparation. C’est aussi une prestation de mouvement incarnée, enracinée dans une expérience vécue du système carcéral. Un rappel que nous avons les outils et la capacité d’abolir les systèmes qui continuent d’opprimer de manière disproportionnée les personnes autochtones et noires.

Crédits
Ce film a été tourné à l’automne 2022 sur le territoire de la Nation anishinaabe, à Muskoka.
Raven Davis, 2023, musique de Benjamin Tissot, Bensound.

Transcription

La Terre, elle nous enseigne.
Malgré nos lacunes, de la naissance à la mort, elle nous berce.
Elle nous procure abri, nourriture, 
appartenance et amour.
La Terre. Tout nous vient d’elle.
Tout ce qu’il nous faut pour abolir les systèmes 
qui nous déshumanisent,
pour apaiser le désir de riposter,
œil pour œil,
et de venger nos deuils, nos chagrins, nos souffrances.
Qui vous dit que vous êtes libre?
Pour être vraiment libre, il faut que les déterminants sociaux soient réunis
pour vivre, survivre et soutenir un avenir florissant.
Lorsque nous deviendrons des aîné·e·s, et que mon espérance de vie ne sera plus
la moitié de la vôtre.
Lorsque nous aurons le pouvoir de rechercher des soins de santé pour
rétablir, épanouir et développer nos corps et nos esprits, et d’y consentir.
Lorsque nos enfants et nos jeunes connaîtront leur immense valeur dans la société.
Lorsque tout le monde aura de l’eau potable.
Lorsque nous aurons le choix de notre citoyenneté.
Lorsqu’on prendra soin de chacun·e de nos aîné·e·s.
Lorsque le handicap sera une priorité.
Lorsque tout le monde aura un chez-soi,
avec accès à la terre et à la sécurité alimentaire.
Alors nous serons vraiment libres.
Je veux me rappeler qu’il y a du bon dans chaque être.
Et qu’on peut désapprendre la haine et la violence.
Je veux que l’abolition commence chez moi,
avec mes enfants, et l’éducation que je choisis de leur donner
pour les préserver des systèmes
mis en place pour diviser nos familles.
Je veux leur apprendre
qu’il y a d’autres façons de résoudre les conflits
en dehors de la police, des châtiments corporels
perpétuant les traumatismes intergénérationnels, la stigmatisation des destins criminels,
et les familles brisées.
Je veux que l’abolition commence et s’achève par l’amour.
Avec les êtres que je choisis d’aimer,
et avec les êtres qui m’aiment. 
En honorant le caractère sacré et le don d’aimer un autre être humain : 
en ne se tenant pas mutuellement pour acquis,
en ne voyant pas dans chaque être cher notre propriété.
En sachant reconnaître le visage hideux du suprématisme blanc,
du capitalisme et de la violence latérale. 
En mettant fin à la logique et au droit carcéraux et coloniaux,
à l’humiliation, à la détention psychiatrique et aux lynchages publics.
En nous réconciliant avec notre histoire,
en rétablissant le lien, la responsabilité et l’amour avec nos familles
et les un·e·s avec les autres.
Mon ultime revendication sera 
un appel à l’amour.
Non pour oublier, mais pour comprendre et accepter.
Et comme la Terre, elle m’a enseigné
que nous avons tout ce qu’il nous faut.