James Ehnes ©B Ealovega
OCNA à domicile

L’OCNA à Copenhague

Enregistré en mai 2019.

Nous vous offrons un concert exceptionnel tiré de notre tournée européenne de 2019 : un enregistrement de la diffusion radiophonique en direct du DR Koncerthuset à Copenhague le 22 mai 2019.

La tournée du 50e anniversaire de l’Orchestre du CNA, intitulée « Passages », a donné lieu à des concerts mémorables à Londres, Stockholm, Paris, et tout particulièrement à Copenhague, où notre concert a été diffusé en direct sur les ondes de DR, la société de radiodiffusion et télévision danoise, et peu après sur les ondes de CBC et Radio-Canada. Ce concert est un florilège des plus beaux morceaux.   

C’est la soprano Erin Wall qui ouvre le programme avec l’envoûtante pièce Lonely Child du compositeur québécois Claude Vivier. Erin rend l’exquise beauté du texte de Vivier avec une grande tendresse, telle une mère qui chante à son enfant pour assouvir ses craintes. James Ehnes offre ensuite l’une des interprétations les plus dynamiques et fougueuses du Concerto pour violon de Mendelssohn. Ténébreuse et dramatique, l’œuvre se termine par un étalage de virtuosité qui a mené à une ovation instantanée du public. Pour clore le programme, nous avons interprété la Symphonie no 9 de Dvořák, « Du Nouveau Monde ». Ce chef-d’œuvre évoque le séjour en Amérique du Nord de Dvořák en 1883. Avec son émouvant solo de cor anglais interprété par la magnifique Anna Petersen et sa finale incendiaire, la symphonie « Du Nouveau Monde » était toute désignée pour notre tournée de 50e anniversaire. Vous pouvez trouver l’enregistrement de cette symphonie, finaliste aux prix JUNO, sur toutes les plateformes numériques de diffusion musicale.

L’OCNA à Copenhague – guide d’écoute d’Alexander Shelley

Pour cette cinquième livraison de L’OCNA à domicile, je vous propose l’enregistrement d’un concert cher à mon cœur et à celui des musiciens de l’Orchestre.

En 2017, nous avons effectué une tournée en l’honneur du 150e anniversaire de la Confédération canadienne à travers tous les territoires et provinces du pays; nous nous sommes produits dans des communautés d’un océan à l’autre, souvent en compagnie de membres de celles-ci. Deux ans plus tard, nous avons tourné en Europe à titre d’ambassadeurs culturels du Canada dans le cadre du 50e anniversaire du Centre national des Arts.

Le concert de ce soir a été capté en direct, pendant notre tournée européenne, à la superbe Salle symphonique de Copenhague, en plein cœur de la capitale du Danemark. On retrouve dans ce concert trois éléments clés de nos tournées et de notre identité comme orchestre : promouvoir la musique canadienne; faire connaître des solistes canadiens; et mettre en valeur l’excellence de l’Orchestre du Centre national des Arts du Canada. Vous entendrez cette « trinité » ce soir.

Au cours de la tournée européenne, nous avons interprété un nombre sans précédent d’œuvres de compositeurs canadiens, dont une majorité de commandes récentes du CNA présentées en première à l’étranger. Parmi ces pièces canadiennes, quoiqu’elle soit moins récente, notons Lonely Child du compositeur québécois Claude Vivier, écrite en 1980. Vivier, qui possédait un talent exceptionnel et est mort dans des circonstances tragiques à tout juste 34 ans, demeure à ce jour l’un des plus grands compositeurs canadiens jouissant d’une réputation internationale. C’est un artiste à découvrir.

Lonely Child est un soliloque pour soliste (interprété ici par la merveilleuse soprano canadienne Erin Wall) écrit dans un mélange inusité de langues et accompagné d’instruments tout aussi inusités en formation de chambre – des cordes, chacune ayant son soliste, quelques instruments à vent, deux cors et des percussions orientales. Nées de la plume de Vivier lui-même, les paroles semblent rassurer un enfant effrayé, comme le ferait une mère. Toute une gamme d’images fantastiques, religieuses et magiques sont évoquées pour réconforter l’enfant, tandis que l’orchestre produit une sorte d’arrière-plan sonore exotique et habilement conçu. Le fait que Vivier, qui était orphelin, n’a jamais connu ce genre de tendresse maternelle et avait peur du noir dans son enfance, confère à cette œuvre une dimension intime; plusieurs critiques n’hésitent pas à y avoir une œuvre autobiographique. Quelques écoutes seront probablement nécessaires pour véritablement apprécier la complexité du langage musical et du message de Lonely Child; je vous recommande donc d’en avoir les paroles sous la main (voir ci-dessous).

Incontournable du répertoire symphonique, le Concerto pour violon en mi mineur de Mendelssohn est l’écrin par excellence pour faire connaître un autre de nos brillants artistes canadiens, James Ehnes, qui figure aujourd’hui parmi les plus grands interprètes de ce chef-d’œuvre. Cette œuvre demeure de nos jours l’un des concertos les plus populaires de l’histoire de la musique; on y remarque la fluidité caractéristique de Mendelssohn, son inventivité mélodique, son imagination, mais aussi l’enchaînement de trois mouvements – toute une audace formelle à l’époque! – si bien que chaque section semble se fondre dans la suivante sans pause. L’entrée en scène du soliste dès les premières mesures de la partition a sans doute également surpris les premiers auditeurs du concerto : ici, pas d’introduction formelle ou d’exposition de l’orchestre, mais plutôt quelques mesures d’un rythme ondulant et troublant. Le deuxième mouvement, une tendre et intime berceuse, est interrompu par un moment de mélancolie angoissante avant de se dissoudre dans l’un des plus brillants et exubérants finales de l’histoire de la musique. C’est d’ailleurs l’un de mes mouvements favoris.  

James est un ami de l’Orchestre du CNA depuis de nombreuses années. S’il est né et a grandi au Manitoba, il entretient des liens d’amitié et de collégialité avec nos musiciens depuis longtemps; il partage fréquemment la scène avec nous, que ce soit à la Salle Southam ou en tournée au Canada et à l’étranger. Sa prestation, parfaite jusqu’à la dernière note, représente bien tout ce que nous admirons en James : sa virtuosité, son raffinement, son élégance et sa capacité à faire appel à ses multiples talents avec calme et autorité. Et, comme si ce n’était pas assez, James est aussi à la fois un grand intellectuel et une personne agréable à côtoyer en tournée… il est même un peu espiègle.  Je n’en dirai pas plus!

Notre programme se conclut sur un chef-d’œuvre symphonique de Dvořák, sa bien-aimée Symphonie « Du Nouveau Monde ». Cette œuvre, qui s’inspire des paysages, sonorités et récits qui ont marqué le grand maître tchèque lors d’un séjour aux États-Unis, est l’un des points d’ancrage de nos tournées, au Canada comme en Europe. Pour offrir une interprétation actuelle de ce pilier des salles de concert, il faut – même si cela peut sembler paradoxal – revoir attentivement la partition originale, les intentions et les inspirations du compositeur. C’est un défi et un bonheur de revisiter fréquemment une telle œuvre, sollicitant l’ensemble de l’orchestre. De son ouverture délicate – ni trop lente ni trop rapide, équilibrée, mesurée, chantante, mystérieuse tout autant qu’érudite (l’œuvre est bien une symphonie et non un poème symphonique) – au célèbre finale, en passant par un mouvement lent d’un lyrisme exquis, il n’y a pas un passage qu’un interprète puisse prendre à la légère. J’espère que vous apprécierez la précision, la fidélité et la passion que nous avons voulu insuffler à notre interprétation, et que chaque note vous ravira, comme cela a été le cas pour nous lors de ce concert historique!

 

Lonely Child:

Bel enfant de la lumière dors, dors, dors, toujours dors.

Les rêves viendront, les douces fées viendront danser avec toi.

Merveille, les fées et les elfes te fêteront, la farandole joyeuse t’enivrera.

Ami.

Dors, mon enfant, ouvrez-vous portes de diamant, palais somptueux,

     mon enfant, les hirondelles guideront tes pas.

Kuré nouyazo na-oudè waki nannoni eudou-a.

Dors, mon enfant.

Dadodi yo rrr-zu-i yo a-e-i dage dage da è-i-ou dage dage ou-a-è dagè dadoudè dagè dagè dagè

     na-ou-è ka jadè-do yanousè mayo rès tè de-i-a wè nanoni nowi i-è ka.

Les étoiles font des bonds prodigieux dans l’espace, temps, dimensions zébrées de couleurs.

Les temps en paraboles discutent de Merlin, les magiciens merveilleux embrassent le soleil d’or,

     les acrobates touchent du nez les étoiles pas trop sages, les jardins font rêver aux moines mauves.

Rêves d’enfant, donnez-moi la main et allons voir la fée Carabosse, son palais de jade sis au milieu des

     morceaux de rêves oubliés déjà flotte éternellement.

Oh reine des aubes bleues donne-moi s’il te plaît l’éternité.

Oh Reine.

Koré noy Tazio.

Koré kore Tazio Tazio Tazio.

Koré noy na-ou yasin kè.

L’hélianthe douce dirige vers les étoiles l’énergie sublime, Tazio, la langue des fées, tu la parleras

     et tu verras l’amour, Tazio, tendrement tes yeux verts, puiseront dans les lambeaux de contes

     surannés pour en créer un vrai, le tien, Tazio, donne-moi la main, Tazio, Tazio, et l’espoir

     du temps, du temps.

Hors temps apparaît mon enfant, les étoiles au ciel brillent pour

     toi, Tazio, et t’aiment éternellement.

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