Présenté par Audi

Jan Lisiecki joue Beethoven

et l'OCNA performe la symphonie « Du Nouveau Monde » de Dvorák

2023-06-07 20:00 2023-06-08 22:00 60 Canada/Eastern 🎟 CNA : Jan Lisiecki joue Beethoven

https://nac-cna.ca/fr/event/30533

Événement en personne

PROGRAMME MIS À JOUR (5 juin 2023):
Le chef d'orchestre Alexander Shelley remplace Lina Gonzalez Granados
Climb, de Jessica Hunt ne sera pas joué
Addition au programme: My Name Is Amanda Todd, de Jocelyn Morlock    -   -   -  L’Orchestre du CNA accueille le pianiste et ami de longue date de l’Orchestre Jan Lisiecki, qui est de retour dans la Salle Southam pour jouer le magnifique Concerto pour...

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Salle Southam ,1 rue Elgin,Ottawa,Canada
7 - 8 jun 2023

≈ 2 heures 10 minutes · Avec entracte

Nos programmes sont passés au numérique.

Balayez le code QR à l’entrée de la salle pour lire les notes de programme avant le début du spectacle.

Dernière mise à jour: 6 juin 2023

Programme

JOCELYN MORLOCK My Name is Amanda Todd (10 min) 

LUDWIG VAN BEETHOVEN Concerto pour piano no 3, en do mineur, op. 37 (34 min)

I. Allegro con brio
II.Largo
III. Rondo : Allegro

ENTRACTE

ANTONÍN DVOŘÁK Symphonie no 9 en mi mineur, op. 95, « Du Nouveau Monde » (40 min)

I. Adagio – Allegro molto
II. Largo
III. Scherzo : Molto vivace
IV. Allegro con fuoco

Répertoire

Jocelyn Morlock

My Name is Amanda Todd

La regrettée Jocelyn Morlock (1969-2023) était l’une des compositrices les plus en vue du Canada. On lui doit une œuvre fascinante qui a fait l’objet d’un grand nombre d’enregistrements et a été jouée et diffusée à de nombreuses reprises en Amérique du Nord et en Europe. Née à Winnipeg, elle a étudié le piano à l’Université de Brandon, avant d’obtenir une maîtrise et un doctorat en musique de l’Université de la Colombie-Britannique, où elle a récemment œuvré comme chargée de cours et enseigné la composition. Première compositrice en résidence de la Music on Main Society de Vancouver (2012-2014), elle a assumé le même rôle auprès de l’Orchestre symphonique de Vancouver de 2014 à 2019.

Jocelyn entretenait des liens étroits avec l’Orchestre du Centre national des Arts qui, en 2015, lui avait commandé My Name is Amanda Todd, une œuvre puissante sur l’adolescente de Port Coquitlam, en Colombie-Britannique, qui s’est enlevé la vie après avoir subi de la cyberintimidation. L’œuvre a ensuite remporté le prix JUNO 2018 à titre de composition classique de l’année.

Voici en quels termes elle évoquait elle-même cette œuvre : 

Lorsque j’ai commencé à écrire cette composition, mon esprit était animé par ce qu’avait vécu Amanda, et je pouvais m’imaginer à quel point il doit être destructeur de voir sans cesse des messages et des commentaires malveillants dirigés contre soi, surtout quand on est jeune. Toute cette atmosphère négative me semblait étouffante. En parlant avec sa mère, Carol Todd, et avec Christopher Deacon, de l’Orchestre du CNA, j’ai réalisé le pouvoir de transformation qui aurait opéré sur la jeune fille si elle avait pu prendre le contrôle de la situation et raconter son histoire en utilisant la même plateforme que ceux qui s’employaient à la dénigrer.

Carol m’a parlé de tous les endroits où elle porte son message, parce que les gens finissent par reconnaître la nécessité d’agir pour mettre fin à la cyberintimidation. Elle m’a parlé des enfants qui cherchent auprès d’elle de l’aide, ou qui lui disent que les vidéos et l’histoire d’Amanda les ont aidés; des jeunes qui affirment avoir trouvé de l’espoir à travers Amanda et Carol. J’éprouve un profond sentiment de joie devant le courage d’Amanda et le message de Carol.

My Name is Amanda Todd s’ouvre sur un chagrin immense qui se transforme en une énergie négative sournoise et plutôt désespérée où l’on voit, impuissant, se multiplier les remarques et images corrosives. Je reprends ensuite pratiquement les mêmes matériaux musicaux (petits gestes, timbres et rythmes très semblables) que je modifie graduellement pour créer une musique de plus en plus puissante et positive.

LUDWIG VAN BEETHOVEN

Concerto pour piano no 3 en do mineur, op. 37

I. Allegro con brio
II. Largo
III. Rondo: Allegro

Les premières années du XIXe siècle ont marqué un tournant dans la vie professionnelle, artistique et personnelle de Beethoven (1770-1827). À cette époque, à Vienne, il sort de l’ombre comme pianiste virtuose et improvisateur. Au chapitre de la composition, cette période est énormément fertile. Entre-temps, il découvre qu’il perd l’ouïe. La prise de conscience de cette surdité progressive et incurable entraîne une crise personnelle. Il exprime son affliction à ses frères dans son fameux « Testament de Heiligenstadt » (1802). L’année suivante, il réussit à accepter stoïquement cette épreuve et aborde son art avec une vigueur renouvelée qui se traduira par un remarquable changement esthétique. Bien qu’elles utilisent toujours les structures, les formes et les techniques de composition propres au classicisme du XVIIIe siècle, les œuvres de sa période « héroïque », comme on l’a souvent nommée, apportent diverses innovations stylistiques qui leur confèrent une intensité dramatique sans précédent.

Les spécialistes débattent encore de la date exacte à laquelle Beethoven a composé son Concerto pour piano en do mineur. Il aurait pu l’écrire dès 1800 ou plus tard, en 1802, et le réviser. Quoi qu’il en soit, sa première exécution publique n’eut lieu que le 5 avril 1803, avec le compositeur au piano. D’un point de vue stylistique, ce concerto semble se situer à un moment charnière. On y reconnaît la structure classique du concerto, avec le dialogue entre le soliste et l’orchestre hérité de Mozart, ainsi qu’une nouvelle direction dans l’expression, annoncée en particulier dans la partie de piano.

Certaines tonalités sont utilisées dans ce but. Par exemple, tout au long de l’œuvre, leurs atmosphères sont soulignées par le caractère des différents thèmes. L’Allegro con brio est dominé par un thème principal plein d’assurance, lequel suggère, lorsque joué dans la tonalité sombre de do mineur, un héroïsme défiant ou, quand il adopte le ton voisin de mi bémol majeur, une noble bravoure. Le Largo, avec son lumineux mi majeur, semble transporté dans un autre univers. Pour camper ce monde raréfié, le piano solo ouvre le mouvement par un chant magnifique. Dans la finale, le robuste thème principal, d’abord introduit en do mineur, se transforme au fil de ses récurrences ultérieures : d’un grave sujet de fugue (en fa mineur), on passe à une douce mélodie en mi majeur, qui rappelle l’atmosphère du deuxième mouvement, pour finir, dans la coda, par une danse jubilatoire en do majeur. Un épisode central, en la bémol majeur, offre un tendre répit assorti d’une douce et agréable mélodie à la clarinette.

Dans chaque mouvement, la partie de piano est audacieuse, le matériau thématique variant maintes fois, ce qui nous donne un aperçu du formidable improvisateur qu’était Beethoven. Dans le premier mouvement, écoutez comment le piano travaille les thèmes d’abord énoncés par l’orchestre, en y ajoutant ornements et fioritures. De même, dans le  Largo, après le retour de la mélodie, Beethoven développe ce matériau avec de plus en plus d’enthousiasme, comme s’il se délectait des sonorités de l’instrument. Bien entendu, les moments de bravoure ne manquent pas, notamment dans la cadence palpitante du premier mouvement, écrite par Beethoven lui-même, ainsi que dans la course effrénée qui mène à la brillante conclusion de l’œuvre.

Antonín Dvořák

Symphonie no 9 en mi mineur, op. 95, « Du Nouveau Monde »

I. Adagio – Allegro molto
II. Largo
III. Scherzo : Molto vivace
IV. Allegro con fuoco

Après le deuxième mouvement, des tonnerres d’applaudissements retentissent de toutes parts. Tout le monde se tourne vers le chef d’orchestre Anton Seidl. Enfin, le public découvre un homme de taille moyenne, solidement charpenté, droit comme un sapin de la forêt dont il interprète si magnifiquement la musique. De tous les coins de la salle s’élève un cri : ‘Dvořák! Dvořák!’ Et tandis que le compositeur s’incline, nous avons l’occasion d’observer ce poète du son capable d’émouvoir le cœur d’un si vaste auditoire. […] M. Dvořák, les mains tremblantes d’émotion, adresse ses remerciements à M. Seidl, à l’orchestre et au public, puis il disparaît à l’arrière-plan tandis que la symphonie se poursuit.

C’est en ces termes que le critique du New York Herald a évoqué la création de la Symphonie du Nouveau Monde, donnée par l’Orchestre philharmonique de New York au Carnegie Hall le 15 décembre 1893. À en croire ce compte rendu, l’œuvre semble avoir connu un succès sans équivoque, mais c’est loin d’être le cas. Même la popularité actuelle de l’œuvre – elle est régulièrement jouée par des orchestres du monde entier depuis le début du XXe siècle – cache une histoire et un héritage plus compliqués et problématiques, comme l’a révélé de manière incisive le musicologue Douglas Shadle dans sa récente étude historique de l’œuvre. Alors que les lois Jim Crow s’imposaient à la fin du XIXe siècle, la composition, l’exécution et la réception initiale de cette symphonie ont soulevé de nombreuses questions relatives au nationalisme musical, à l’esthétique et à la politique raciale, dont les effets résonnent encore aujourd’hui dans la culture musicale classique américaine.

La Symphonie du Nouveau Monde est la première des nombreuses œuvres que Dvořák a achevés après son arrivée à New York, en 1892, en tant que directeur artistique et professeur de composition au National Conservatory of Music. La présidente de l’institution, Jeannette Thurber, l’avait invité, persuadée que le compositeur tchèque, alors au sommet de sa gloire, pourrait contribuer à orienter la création d’un style « national » américain de musique savante. Alors qu’il réfléchissait à la forme que cela pourrait prendre, Dvořák fut initié aux spirituals afro-américains par l’un des étudiants noirs du conservatoire, Henry Thacker Burleigh, et reçut également des transcriptions de mélodies autochtones de la part du critique Henry Krehbiel. Finalement, il est arrivé à ce qu’il pensait être la voie à suivre. Dans un entretien accordé au New York Herald, publié en mai 1893, le compositeur déclarait que la musique de la diaspora africaine « doit être le véritable fondement de toute école de composition sérieuse et originale à développer aux États-Unis. »

La déclaration de Dvořák, parue quelques mois avant la création de la symphonie, s’est avérée explosive, car de nombreux critiques et compositeurs blancs ont réagi de diverses manières, faisant souvent apparaître des points de vue racistes. Si certains étaient d’accord avec lui, d’autres estimaient que les mélodies de la diaspora africaine étaient une musique trop triviale pour être « élevée » au rang de la musique savante (européenne); plusieurs ont soutenu que cette musique n’était même pas authentiquement américaine, tandis que d’autres affirmaient que les « meilleures » de ces mélodies avaient été écrites par des Blancs comme Stephen Foster. Il ne leur est pas venu à l’esprit que les instrumentistes et compositeurs noirs de l’époque pouvaient avoir leur mot à dire sur la question.

Lorsque Dvořák est arrivé aux États-Unis, Thurber lui a offert un exemplaire du poème épique de Henry Longfellow, The Song of Hiawatha, en espérant qu’il écrirait d’abord un opéra. Mais il a plutôt composé une symphonie en quatre mouvements, un choix peut-être plus judicieux, étant donné que les critiques de la fin du XIXe siècle considéraient la symphonie comme le type de composition orchestrale le plus prestigieux et que, malgré ses origines germaniques, elle était perçue comme un mode d’expression universel. Sur le plan structurel, la Symphonie du Nouveau Monde se déploie de manière conventionnelle, avec des mouvements extérieurs rapides (le premier s’ouvre sur une introduction lente) encadrant un mouvement lent suivi d’un scherzo et trio, dont Dvořák a noté qu’ils étaient tous deux influencés par le poème de Longfellow (le dernier évoquant le repas de noces d’Hiawatha). En ce qui concerne le matériau thématique de la symphonie, de même qu’il s’était inspiré de la forme, des teintes et de « l’esprit » de la musique folklorique tchèque pour créer des airs originaux pour ses œuvres précédentes, le compositeur a fait des mélodies de la diaspora africaine la matière première de son inspiration et les a manipulées en conséquence. (Dvořák ne voyait pas ce que cette appropriation pouvait avoir de problématique, ignorant, comme l’a dit Shadle, « les liens historiques et émotionnels de cette musique avec les corps noirs ».) Conformément au principe vénéré de l’unité thématique, des motifs musicaux de l’Allegro molto reviennent dans les mouvements ultérieurs, comme son premier et son dernier thème qui apparaissent simultanément au point culminant du deuxième mouvement, avec la mélodie principale envoûtante du Largo; le scherzo comporte également des réminiscences des mêmes thèmes; et dans le finale, des mélodies des premier et deuxième mouvements réapparaissent dans la coda, la symphonie se terminant sur une reprise flamboyante du thème d’ouverture de l’Allegro molto.

Une question demeure : la Symphonie du Nouveau Monde rend-elle un son authentiquement américain? Certains critiques du temps de Dvořák n’en étaient pas convaincus, affirmant que ce que le compositeur avait écrit sonnait plus slave ou même irlandais, des comparaisons qui n’étaient pas totalement dénuées de sentiments racistes dans l’Amérique du XIXe siècle. Ainsi, même si nous restons sensibles aujourd’hui à l’attrait et à la puissance de cette œuvre, il nous faut également regarder en face les complexités historiques de sa création et l’héritage de son exécution.

Notes de programme par Hannah Chan-Hartley (traduit de l’anglais)

Artistes

  • Chef d’orchestre Alexander Shelley
  • Piano Jan Lisiecki
  • Avec Orchestre du CNA

Orchestre du CNA

Premiers violons
**Yosuke Kawasaki (violon solo)
Jessica Linnebach (violon solo associée)
Noémi Racine Gaudreault (assistante violon solo)
Marjolaine Lambert
Zhengdong Liang
Frédéric Moisan
Emily Kruspe
Carissa Klopoushak
*Martine Dubé
*Erica Miller
*Renée London

Seconds violons
Mintje van Lier (solo)
Winston Webber (assistant solo)
Jeremy Mastrangelo
Emily Westell
Manuela Milani
Leah Roseman
Karoly Sziladi
Mark Friedman
**Edvard Skerjanc
*Andréa Armijo Fortin
*Heather Schnarr

Altos
Jethro Marks (solo)
David Marks (solo associé)
David Goldblatt (assistant solo)
Paul Casey
David Thies-Thompson
*Tovin Allers

Violoncelles
Rachel Mercer (solo)
**Julia MacLaine (assistante solo)
Timothy McCoy
Marc-André Riberdy
Leah Wyber
*Karen Kang
*Desiree Abbey

Contrebasses
Max Cardilli (assistant solo)
Vincent Gendron
Marjolaine Fournier
**Hilda Cowie
*Paul Mach

Flûtes
Joanna G'froerer (solo)
Stephanie Morin

Hautbois
Charles Hamann (solo)
Anna Petersen
*Melissa Scott

Cor anglais
Anna Petersen

Clarinettes
Kimball Sykes (solo)
Sean Rice

Bassons
Darren Hicks (solo)
Vincent Parizeau

Cors
Lawrence Vine (solo)
Julie Fauteux (solo associée)
Elizabeth Simpson
Lauren Anker
Louis-Pierre Bergeron

Trompettes
Karen Donnelly (solo)
Steven van Gulik
*Amy Horvey

Trombones
*Steve Dyer (solo invité)
Colin Traquair

Trombone basses
*Scott Robinson

Tubas
Chris Lee (solo)

Timbales
*Michael Kemp (solo invité)

Percussion
Jonathan Wade

Musicothécaire principale
Nancy Elbeck

Musicothécaire adjoint
Corey Rempel

Chef du personnel
Meiko Lydall

Coordinatrice du personnel de l’Orchestre
Laurie Shannon

*Musiciens surnuméraires
**En congé