Hilary Hahn joue Dvořák

& Alexander Shelley dirige la 5e de Beethoven

2023-01-18 20:00 2023-01-19 22:00 60 Canada/Eastern 🎟 CNA : Hilary Hahn joue Dvořák

https://nac-cna.ca/fr/event/30524

Événement en personne

L’Orchestre du CNA accueille avec enthousiasme Hilary Hahn, l’une des grandes virtuoses de sa génération, dans la Salle Southam, où elle interprétera le Concerto pour violon d’Antonín Dvořák, une œuvre qui charme interprètes et publics depuis sa première. La virtuosité de Hahn, qui va sans effort de la tension à la tendresse dans ce concerto à la beauté indémodable,...

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Salle Southam ,1 rue Elgin,Ottawa,Canada
18 - 19 jan 2023

Nos programmes sont passés au numérique.

Balayez le code QR à l’entrée de la salle pour lire les notes de programme avant le début du spectacle.

Dernière mise à jour: 16 janvier 2023

Programme

CARLOS SIMON: Fate Now Conquers
DVOŘÁK: Concerto pour violon
BEETHOVEN: Symphonie no 5 en do mineur, opus 67 

Répertoire

Carlos Simon

Fate Now Conquers

Natif d’Atlanta, en Géorgie, Carlos Simon (né en 1986) suscite un vif intérêt aux États-Unis et à l’étranger pour ses compositions qui vont de la musique de concert pour grands et petits ensembles aux musiques de films, avec des accents de jazz, de gospel et de néoromantisme. À travers sa musique, il cherche à lancer des conversations sur des questions de justice sociale. Sa pièce Portrait of a Queen, interprétée en octobre 2020 par l’Orchestre du Centre national des Arts avec Jonelle Sills comme narratrice, en est un bon exemple. Sur des paroles de Courtney D. Ware, l’œuvre retrace l’évolution de l’expérience des personnes noires aux États-Unis, vue par une femme noire. Lauréat de la médaille d’excellence Sphinx en 2021, Carlos Simon est actuellement compositeur en résidence au John F. Kennedy Center for the Performing Arts, écrivant régulièrement de nouvelles pièces pour le National Symphony Orchestra et le Washington National Opera.

Fate Now Conquers pour grand ensemble a été commandé par l’Orchestre de Philadelphie, pour ses concerts en hommage au 250anniversaire de Ludwig van Beethoven en 2020. Carlos Simon explique que la pièce lui « a été inspirée par une note du carnet de Beethoven écrite en 1815. Cette note de journal contenait un passage de l’Iliade d’Homère :

‘L’Iliade. Le vingt-deuxième livre

Mais la Destinée triomphe à présent; je suis à elle, et pourtant elle ne partagera pas ma renommée; [la] vie est laissée à tout esprit noble. [….] Et ce qu’engendrera quelque grande action, toutes les vies en hériteront.’ »

Comme il le précise, en utilisant la « structure harmonique merveilleusement fluide » du deuxième mouvement de la Septième symphonie de Beethoven, il a « composé des gestes musicaux qui sont représentatifs des voies imprévisibles du destin. Des saccades incisives alliées à un groove agité pour chaque persona. Des arpèges frénétiques dans les cordes qui se transforment en une nuée équivoque de passages fluides évoquent l’incertitude de la vie qui plane sur nous. »

La première moitié de cette courte pièce est en effet quelque peu menaçante et lugubre. Après avoir atteint un paysage sonore scintillant, la texture s’amincit tandis qu’émerge un solo de violoncelle passionné. Il entonne une mélodie qui exprime l’acceptation angoissée (peut-être avec un soupçon de défi) des « voies imprévisibles du destin », et qui est reprise par la suite pour déboucher sur un finale énergique. Comme l’explique le compositeur, « nous savons que Beethoven s’est efforcé de surmonter de nombreux obstacles dans sa vie et a documenté ses aspirations pour qu’elles l’emportent en dépit des difficultés. Quelle que soit la raison précise pour laquelle il a reproduit ce passage particulièrement profond de l’Iliade, en fin de compte, il semble que Beethoven ait cédé à son destin. La Destinée est désormais triomphante. »

Antonín Dvořák

Concerto pour violon en la mineur, op. 53

I. Allegro ma non troppo –
II. Adagio ma non troppo
III. Finale : Allegro giocoso ma non troppo

En novembre 1878, Antonín Dvořák accède à la célébrité pratiquement du jour au lendemain grâce à l’immense succès de sa première série de Danses slaves pour piano à quatre mains, que Fritz Simrock vient de publier. À la suite de ce triomphe, Simrock suggère à Dvořák, au début de 1879, de composer un concerto pour violon, lui conseillant de consulter, pour ce faire, l’éminent violoniste allemand Joseph Joachim. Cet été-là, Dvořák achève une ébauche du concerto et l’envoie à Joachim pour obtenir ses commentaires. Au printemps 1880, il a remanié l’œuvre de façon substantielle en se basant sur les suggestions du violoniste. Le développement ultérieur de l’œuvre est freiné (probablement en raison du calendrier de concerts chargé de Joachim) jusqu’en septembre 1882, lorsque le compositeur se rend à Berlin pour relire le concerto avec le violoniste. Bien que Joachim s’en déclare enchanté, il ne l’interprètera pas en public. C’est plutôt le talentueux violoniste tchèque František Ondřišek qui créera le concerto le 14 octobre 1883 et qui, au cours de sa carrière, en deviendra le principal champion à travers l’Europe.

Le concerto de Dvořák demeure un pilier du répertoire pour violon. Finement ouvragé, d’une grande complexité architectonique et riche en contenu musical, c’est un apport remarquable au genre. On peut présumer que la révision de 1880 a été substantielle (la version de 1879 a été détruite), car le compositeur a noté qu’il avait « conservé les thèmes, et en [a] composé de nouveaux aussi, mais la conception du concerto est entièrement différente ». Il fait peut-être allusion ici aux structures non conventionnelles des premier et deuxième mouvements, qui permettent une plus grande souplesse expressive. En effet, le mouvement d’ouverture en la mineur se déroule comme une fantaisie entre le violon et l’orchestre, le soliste développant le matériau musical sur un mode méditatif dans des passages rhapsodiques et complexes qui font appel à un large éventail de techniques virtuoses. (Comme l’a fait remarquer le musicologue Peter H. Smith, c’est probablement Joachim qui a orienté Dvořák dans cette direction, et le Concerto pour violon en sol mineur de Max Bruch, œuvre qui avait également bénéficié des conseils de Joachim, a vraisemblablement servi de modèle.) Ce n’est qu’après un long va-et-vient que le mouvement se déploie de manière plus conventionnelle, le violon solo présentant le thème principal plein de hardiesse; plus tard, on entend le second thème, d’abord paisible, puis de plus en plus dansant. S’ensuit un développement intensif des divers motifs jusqu’à ce que l’orchestre puis le violon solo en octaves réexposent l’air principal en apothéose. Cependant, au lieu de poursuivre avec la reprise attendue des thèmes et une cadence de soliste, Dvořák ne nous donne ni l’un ni l’autre; il offre plutôt des rêveries additionnelles sur la mélodie, dont la version finale est un air mélancolique dans le registre inférieur du violon avec des contre-mélodies par les instruments à vent.

Grâce à une ligne descendante entonnée par le hautbois, le deuxième mouvement s’enchaîne aussitôt, le violon introduisant un thème en fa majeur qui s’apparente à un hymne. Après que l’orchestre l’ait brièvement repris, le violon éclate soudainement dans une puissante mélodie par octaves, à laquelle répond le cor, mais la tension se dissipe rapidement avec une section pastorale mettant en relief des cors chaleureux et des trilles chantants au violon. Ces ambiances et thèmes contrastés alternent ainsi tout au long du mouvement, le violon poursuivant jusqu’à la fin sa pénétrante rhapsodie.

Le caractère méditatif des premiers mouvements fait place à un pétillant rondo final en la majeur, dont le joyeux thème principal est basé sur un furiant (une danse slave animée caractérisée par des accents changeants). Dans le premier épisode, des airs supplémentaires sont introduits par l’orchestre, tandis que le violon a amplement l’occasion de briller dans des figures de staccato entraînantes, des arpèges en cascades et des passages vigoureux à l’octave. Après la reprise du rondo, le deuxième épisode présente une dumka (un type de musique folklorique d’origine ukrainienne) en mode mineur, dans laquelle le violon développe une mélodie mélancolique sur des accords complexes. Plus tard, après que le matériau musical ait culminé dans le silence, le retour de la dumka mérite qu’on s’y attarde : passant en mode majeur, la mélodie est ici embellie par de riches accords de violon. Après une nouvelle démonstration de virtuosité, le thème du furiant est repris une dernière fois de manière extatique par l’orchestre, avant de se précipiter vers sa réjouissante conclusion.

LUDWIG VAN BEETHOVEN

Symphonie no 5 en do mineur, opus 67

I. Allegro con brio
II. Andante con moto
III. Scherzo : Allegro
IV. Allegro

« Cette magnifique œuvre transporte irrésistiblement l’auditoire dans des paroxysmes grandissants jusqu’au royaume spirituel de l’infini », écrivait E.T.A. Hoffmann à propos de la Symphonie n5 de Beethoven en 1810. L’œuvre avait été créée deux ans plus tôt, le 22 décembre, au Theater an der Wien et y avait reçu un accueil assez tiède; sans aucun doute, le contexte dans lequel ce concert a eu lieu – à commencer par sa longueur excessive (le programme, étalé sur plus de quatre heures, comportait également la création de la Symphonie n˚ 6, de la Fantaisie chorale ainsi que du Concerto pour piano n˚ 4 interprété par Beethoven lui-même), en plus du froid mordant qui régnait dans la salle et du manque de préparation de l’orchestre – a contribué à cet accueil mitigé. Toutefois, après la parution de la critique historique d’Hoffmann, l’avis général sur l’œuvre a changé; cette « symphonie en ut mineur d’une noblesse et d’une profondeur extrêmes » n’a pas tardé à s’imposer comme un pilier du répertoire classique, titre qu’elle a conservé jusqu’à nos jours. Elle demeure l’une des symphonies les plus jouées, et continue de faire affluer les auditoires dans les salles de concert du monde entier.

Que l’on entende cette symphonie pour la première ou la énième fois, on ne peut qu’être saisi par l’explosive ouverture du premier mouvement avec son célèbre motif « brève-brève-brève-longue », dit du « destin frappant à la porte ». À partir de cette semence, l’Allegro con brio se propulse avec une furieuse énergie, se développant de façon quasi organique. Le motif devient obsessionnel et réapparaît dans les mouvements subséquents sous divers aspects : sous forme de second sujet triomphal, exposé par les cors et les trompettes dans le deuxième mouvement; sous les habits d’une marche militaire, également entonnée par les cors, dans le scherzo; et en tant que sujet vivement contrasté, joué par les violons, dans le finale.

En dernière analyse, la force de la Symphonie no 5 qu’Hoffmann évoque avec tant d’enthousiasme tient à la façon dont Beethoven dépeint la trajectoire du triomphe sur l’adversité au fil des quatre mouvements de l’œuvre. En effet, le motif « brève-brève-brève-longue » n’est que l’un des nombreux moyens auxquels le compositeur a recours pour les relier entre eux en une trame narrative cohérente. Un autre est l’usage qu’il fait du mode, depuis le pathos et le drame tempétueux de la tonalité de do mineur dans les premier et troisième mouvements, qui encadrent un mouvement lent lyrique en la bémol majeur, jusqu’au jubilatoire do majeur du finale. Qui plus est, le triomphe de la tonalité de do majeur est préfiguré dans chaque mouvement : dans la reprise du second sujet du premier, dans le sujet lumineux du deuxième et dans l’énergique trio du troisième. Une transition merveilleusement insolite qui relie directement le troisième mouvement au quatrième–amorcé par les timbales qui tapent le motif principal sur un do grave, par-dessus un long la bémol des violoncelles et des contrebasses–intensifie encore la progression dramatique vers la résolution finale. Cependant, même au cœur de l’exubérance de l’Allegro final, Beethoven nous rappelle brièvement, dans un rappel du thème de « marche » du scherzo, la détresse exprimée par la tonalité plus sombre de do mineur, avant l’ultime délivrance en pleine lumière, sur laquelle nulle ombre ne pèse plus, jusqu’à l’extatique conclusion de la symphonie.
 

– Notes de programme d’Hannah Chan-Hartley, PhD

Artistes

  • Chef d’orchestre Alexander Shelley
  • Violon Hilary Hahn
  • Avec Orchestre du CNA

Conducteur: Alexander Shelley
Soloists: Hilary Hahn, violin

  • Premiers violons  
    Yosuke Kawasaki (violon solo) 
    Jessica Linnebach (violon solo associée) 
    Noémi Racine Gaudreault (assistante violon solo) 
    Emily Kruspe 
    Marjolaine Lambert 
    Emily Westell 
    Jeremy Mastrangelo 
    Manuela Milani 
    *Martine Dubé 
    *Erica Miller 
    *Heather Schnarr 
    *Oleg Chelpanov 
    ∆Patrick Paradine 
  • Seconds violons  
    Mintje van Lier (solo) 
    Winston Webber (assistant solo) 
    Leah Roseman 
    Carissa Klopoushak 
    Frédéric Moisan 
    Zhengdong Liang 
    Karoly Sziladi 
    Mark Friedman 
    **Edvard Skerjanc 
    *Andréa Armijo Fortin 
    *Renée London 
  • Altos  
    Jethro Marks (solo) 
    David Goldblatt (assistant solo) 
    David Marks ( solo associé) 
    David Thies-Thompson 
    Paul Casey 
    *Alisa Klebanov 
    *Sonya Probst 
    ∆Christoph Chung 
  • Violoncelles 
    Rachel Mercer (solo) 
    **Julia MacLaine (assistante solo) 
    Timothy McCoy 
    Leah Wyber 
    **Marc-André Riberdy 
    *Desiree Abbey 
    *Karen Kang 
    *Daniel Parker 
    *Fanny Marks 
    ∆Jacob MacDonald 
  • Contrebasses 
    *Joel Quarrington (solo invité) 
    Max Cardilli (assistant solo) 
    Vincent Gendron 
    Marjolaine Fournier 
    **Hilda Cowie 
    *Paul Mach 
  • Flûtes  
    Joanna G'froerer (solo) 
    Stephanie Morin 
    *Kaili Maimets 
  • Hautbois  
    Charles Hamann (solo) 
    Anna Petersen 
  • Cor Anglais 
    Anna Petersen 
  • Clarinettes  
    Kimball Sykes (solo) 
    Sean Rice 
  • Bassons  
    Darren Hicks (solo) 
    Vincent Parizeau 
    *Carmelle Préfontaine 
  • Cors  
    Lawrence Vine (solo) 
    Julie Fauteux (solo associée) 
    Elizabeth Simpson 
    Lauren Anker 
    Louis-Pierre Bergeron 
    Trumpets/Trompettes  
    Karen Donnelly (principal / solo) 
    Steven van Gulik 
    *Amy Horvey 
  • Trombones  
    *Steve Dyer (solo invité) 
    Colin Traquair 
  • Trombone basse  
    *Zachary Bond 
  • Timbales  
    *Aaron McDonald (solo invité) 
  • Percussion 
    Jonathan Wade 
  • Musicothécaire principale 
    Nancy Elbeck 
  • Musicothécaire adjoint 
    Corey Rempel 
  • Chef du personnel 
    Meiko Lydall 
  • Chef adjointe du personnel 
    Laurie Shannon 

*Musiciens surnuméraires 
**En congé 
∆Apprentis de l’Institut de musique orchestrale de 'l’Université d’Ottawa et du CNA