≈ 90 minutes · Sans entracte
Dernière mise à jour: 2 septembre 2021
De tout temps, la trompette a représenté un appel à l’action pour l’humanité : un appel au combat, à la dévotion, à l’acclamation ou encore à la célébration. La trompette solo Karen Donnelly a composé un hymne émouvant pour trompette solo.
Dans l’univers sonore envoûtant d’Ashes (2002), une œuvre pour chorale a capella, Trevor Weston souhaitait évoquer les « images troublantes résultant de la destruction des tours du World Trade Center », le 11 septembre 2001. Parmi elles, une scène, diffusée par plusieurs bulletins de nouvelles, montrait « des gens courant vers la caméra dans une rue ensoleillée de New York, pourchassés par un nuage de cendres et de gravats. Le nuage finit par envelopper la rue et le ciel, créant un silence troublant digne d’un hiver nucléaire. » « La douleur elle- même », fait remarquer l’artiste, « envahit notre être, nous laissant glacés et frappés de stupeur. »
Les paroles d’Ashes consistent en des vers tirés du Psaume 102 (plus bas). Pour Trevor Weston, « elles évoquent de manière poignante la solitude et l’isolement associés à la souffrance qui est commune à tous les humains. En même temps, ces versets combattent la solitude en liant l’expérience émotionnelle humaine au monde animal et à l’imagerie naturelle. La solidarité vient à bout du malheur, parce qu’il est plus facile de chasser la tristesse lorsqu’on ne se sent plus seul. »
Je veille, et je suis comme l’oiseau solitaire sur un toit.
Je ressemble au pélican du désert,
je suis comme le chat-huant des ruines.
Seigneur, entends ma prière, et que mes appels au secours parviennent jusqu’à toi! Car mes jours s’évanouissent en fumée, mes os sont brûlants comme de la braise. Je mange de la cendre comme du pain,
Et je mêle mes larmes à ce que je bois,
Seigneur, entends ma prière, et que mes appels au secours parviennent jusqu’à toi!
L’artiste explique le déroulement de la pièce de la manière qui suit : « Dans une tentative de représenter l’expression universelle de la tristesse humaine, Ashes s’ouvre avec des chants rappelant des incantations, car la musique vocale non accompagnée est commune à toutes les cultures. La petite chorale représente les pensées intimes directement liées à l’isolement, qui sont amplifiées par la grande chorale. L’œuvre atteint son paroxysme au moment où la chorale produit un “grand” accord constitué de deux notes pour chacune des parties, symbolisant les deux tours, puis les dissout dans des expressions individuelles de tristesse. »
Notes de programme rédigées par Hannah Chan-Hartley, Ph. D.
Vivian Fung a composé l’œuvre Prayer en l’espace de quelques jours seulement, en juin 2020. Dans ses mots, la pièce est « dans son essence, une aberration. Dans aucune autre circonstance dans le passé (ou dans le futur, probablement) n’ai-je montré mes émotions de manière aussi transparente que dans cette pièce. En temps de crise et de danger, nous pouvons seulement compter sur la foi – la foi en l’humanité, la foi en l’amour et la foi que nous persévérerons et que nous nous en sortirons avec dignité. Il y avait également l’espoir plus banal que j’allais réussir à terminer la pièce dans les circonstances extraordinaires auxquelles j’étais confrontée : avec un jeune enfant à la maison 24 heures sur 24, 7 jours sur 7, une infection des bronches et une échéance très serrée (une question de jours, ultimement). Et je devais composer une pièce pouvant être présentée de manière virtuelle, dans le respect des exigences liées à la COVID-19. » L’œuvre a été jouée pour la première fois en ligne le 22 juin 2020 par le CBC Virtual Orchestra, composé de 28 orchestres provenant de 10 provinces canadiennes, sous la direction de Yannick Nézet-Séguin.
Prayer (2020) s’ouvre avec de longues notes statiques entonnées par les instruments les plus graves des sections des cordes, des bois et des cuivres. Graduellement – et à mesure que les autres instruments se joignent à eux –, ils révèlent le thème principal qui constitue l’inspiration et la base de l’œuvre : la mélodie chantée de O pastor animarum (« Ô berger des âmes ») de Hildegarde de Bingen, une compositrice du XIIe siècle que Vivian Fung appelle « son héroïne ». Voici un extrait du texte original :
Ô berger des âmes
Ô première parole
par laquelle nous avons tous été créés!
Qu’il te plaise à présent
de daigner nous libérer de nos misères et de nos langueurs.
À mesure que le chant s’élève, des motifs oscillants et rapides viennent enrichir la texture, créant un effet scintillant. Ils s’accumulent graduellement pour former une entité vibrante qui enfle et s’estompe, comme un soupir. Les bois et les cordes entonnent ensuite un motif ascendant, qui crée, avec le thème du chant, la toile de fond de la chorale des cuivres. Une gamme ascendante, soutenue par l’orchestre entier, culmine par une supplication de masse, puis les cordes laissent échapper un cri angoissé. Prayer s’achève avec les derniers énoncés des notes d’ouverture du chant, sobre, mais optimiste.
Notes de programme rédigées par Hannah Chan-Hartley, Ph. D.
L’œuvre Ninaivanjali, de Gabriel Dharmoo, a originellement été composée en 2012 pour 10 instruments. Ce soir, nous vous présentons la version pour orchestre, composée en 2015. Comme l’explique le compositeur, le titre de l’œuvre est « une expression tamoule qui signifie “en mémoire de”, utilisée pour rendre hommage à une personne après sa mort. L’œuvre est dédiée au virtuose du ghatam N. Govindarajan, mon professeur de rythmique indienne décédé en mai 2012. En plus d’être un excellent enseignant, entièrement dévoué à la transmission de ses connaissances, Govind était un homme attachant et admirable, plein de bonté et de joie de vivre. »
À propos de Ninaivanjali, Gabriel Dharmoo explique : « J’ai été inspiré par les trois sources principales de sons dans la musique carnatique de l’Inde du Sud : la mélodie – flexible, sophistiquée et ornementée; le rythme – complexe et divisé, et le bourdonnement – un point de référence harmonique constant à l’arrière-plan. » Tout au long de la pièce, ces éléments sont combinés, souvent de manière ludique, à diverses techniques et à des effets sonores avant-gardistes provenant de la musique savante contemporaine occidentale.
Gabriel Dharmoo est particulièrement fasciné par les qualités expressives de la mélodie. De celles présentes dans Ninaivanjali, il dit « à l’exception de la dernière, toutes les mélodies sont inspirées de la manière dont les lignes de la musique carnatique se comportent. La mélodie finale se base directement sur la section en shrî râga de Navaragamalika, de Patnam Subramania Iyer, une œuvre qui m’a accompagné durant mon dernier voyage en Inde en 2011. » Lors de ce même voyage, Gabriel Dharmoo a aussi appris de nombreuses formules rythmiques auprès de son professeur, Govind, à qui il rend hommage en créant des « bourdonnements rythmiques » reposant sur ces motifs en camouflage, pour tisser la trame de fond des mélodies de Ninaivanjali.
Notes de programme rédigées par Hannah Chan-Hartley, Ph. D.
I. Andante sostenuto – Moderato con anima
II. Andante in modo di canzona
III. Scherzo: Pizzicato ostinato
IV. Finale : Allegro con fuoco
Tchaïkovsky compose sa quatrième symphonie en 1877, durant une période charnière de sa vie. Il esquisse les mouvements en mai et en juin, mais son travail est interrompu par son mariage désastreux à Antonina Milioukova. Le compositeur, qui est homosexuel, souffre alors d’une dépression nerveuse. Il réussit ultimement à s’en sortir, sans doute grâce à l’aide de Nadejda von Meck, une veuve richissime et une admiratrice de la musique de Tchaïkovsky. Elle commence à lui verser une allocation annuelle, ce qui permet au compositeur de se consacrer entièrement à la musique, à l’abri des préoccupations financières. C’est grâce à cet arrangement que Tchaïkovsky termine sa Symphonie no 4 en janvier 1878.
L’œuvre suit un cheminement émotionnel, qui s’apparente au passage de l’ombre à la lumière ou au triomphe face au conflit, un peu comme la Symphonie no 5 de Beethoven. En effet, Tchaïkovsky écrit, dans une lettre adressée au compositeur Sergueï Taneïev, que sa quatrième symphonie est incontestablement inspirée de la Symphonie en do mineur de Beethoven. Elle s’ouvre par une fanfare funeste de cuivres (« une force du destin », comme Tchaïkovsky explique à sa mécène), qui devient un leitmotiv de l’œuvre. Dans le premier mouvement, en particulier, elle revient de manière spectaculaire à des moments charnières : tendez l’oreille pour entendre son intrusion brutale, au moment où la musique semble devenir plus optimiste et triompher de son angoisse. Le deuxième mouvement commence, résigné devant ce qui l’a précédé : une mélodie mélancolique initialement entonnée par le hautbois. Mais tout n’est pas perdu, puisqu’un nouveau thème optimiste dans la section du milieu se mue en une effusion orchestrale passionnée.
Le Scherzo, joué entièrement par les cordes, offre un répit ludique. Il encadre un Trio central, une danse élégante pour bois qui devient maladroitement rapide avant d’être interrompue de manière humoristique par les cuivres qui entonnent le thème du Scherzo comme une marche. La finale commence par un fracas produit par l’orchestre tout entier (y compris les cymbales et la grosse caisse!); s’en suit un sifflement coulant, puis une mélodie naïve, mais sombre, inspirée de la chanson traditionnelle russe Dans le champ, le bouleau se dressait. Alternant avec des retours au premier thème, la chanson folklorique est amplifiée dans des épisodes étendus, dont le deuxième adopte la forme de la fanfare menaçante du premier mouvement. Cette fois-ci, toutefois, elle ne constitue plus une menace, et la symphonie se dirige, sans entrave, vers sa fougueuse apothéose.
Notes de programme rédigées par Hannah Chan-Hartley, Ph. D.
Depuis sa création en 1969, l’Orchestre du Centre national des Arts (CNA) reçoit des éloges pour la passion et la clarté de ses interprétations, pour ses programmes éducatifs novateurs et pour son apport à l’expression de la créativité canadienne. Sous la conduite inspirée du directeur musical Alexander Shelley, l’Orchestre du Centre national des Arts est le reflet de la diversité des paysages, des valeurs et des communautés du Canada, et est reconnu pour sa programmation audacieuse, ses contenus narratifs marquants, son excellence artistique et ses partenariats innovants.
Alexander Shelley a amorcé son mandat à la direction musicale de l’Orchestre du CNA en 2015, succédant à Pinchas Zukerman, qui a été aux commandes de l’ensemble pendant 16 saisons. Premier chef associé du Royal Philharmonic Orchestra, Shelley a été le premier chef de l’Orchestre symphonique de Nuremberg de 2009 à 2017. Demandé partout dans le monde, il a dirigé entre autres la Philharmonie de Rotterdam, DSO Berlin, le Leipzig Gewandhaus et la Philharmonie de Stockholm, et il maintient des liens avec la Deutsche Kammerphilharmonie et l’Orchestre national des jeunes d’Allemagne.
Chaque saison, l’Orchestre du CNA met en vedette des artistes de réputation internationale, tels que notre artiste en résidence James Ehnes, Angela Hewitt, Joshua Bell, Xian Zhang, Gabriela Montero, Stewart Goodyear, Jan Lisiecki et le premier chef invité John Storgårds. L’ensemble se distingue à l’échelle du monde pour son approche accessible, inclusive et collaborative. Par le langage universel de la musique et des expériences musicales communes, il communique des émotions profondes et nous rapproche les uns des autres.
Alexander Shelley a reçu le titre de directeur musical de l’Orchestre du CNA en septembre 2015. Depuis, l’ensemble a été qualifié de « transformé », « passionné », « ambitieux » et « déchaîné » (Ottawa Citizen), et classé parmi les plus audacieux en Amérique du Nord (magazine Maclean’s) pour sa programmation.
Champion de la création au Canada, Shelley a signé récemment le projet multimédia Réflexions sur la vie, INCONDITIONNEL et RENCONTR3S, une collaboration avec Danse CNA comportant trois nouveaux ballets d’envergure.
Shelley s’attache à cultiver les talents de la relève : il est notamment un ambassadeur d’OrKidstra, un programme de développement social qui, à travers la musique, aide les jeunes d’Ottawa à acquérir des compétences essentielles.
En avril 2022, Shelley a fait ses débuts au Carnegie Hall avec l’Orchestre du Centre national des Arts, marquant le retour tant attendu de l’ensemble dans cette salle mythique. Au printemps 2019, il a dirigé l’Orchestre à l’occasion d’une tournée européenne très applaudie qui soulignait le 50ᵉ anniversaire de l’ensemble et qui a notamment fait escale à Londres, Paris, Copenhague et Stockholm.
Shelley est également premier chef d’orchestre associé de l’Orchestre philharmonique royal de Londres, et directeur artistique et musical d’Artis-Naples et de l’Orchestre philharmonique de Naples en Floride (États-Unis). Il a déjà fait paraître avec l’Orchestre du CNA Nouveaux Mondes (finaliste aux prix Juno); Réflexions sur la vie; RENCONTR3S; Aux frontières de nos rêves; la série d’albums Clara, Robert, Johannes, tous parus sous l’étiquette canadienne Analekta et acclamés par la critique; et La vérité à l’ère moderne sous l’étiquette Orange Mountain Music.
Le poste de directeur musical bénéficie du soutien d’Elinor Gill Ratcliffe, C.M., O.N.L., LL.D. (hc).
Après trois saisons couronnées de succès à titre de trompette solo par intérim de l’Orchestre du Centre national des Arts (1996-1999), Karen Donnelly a fait l’unanimité dans le choix du titulaire permanent du poste en octobre 1999. Elle se dit toujours ravie d’évoluer au sein de ce merveilleux ensemble.
Originaire de Regina en Saskatchewan, elle a eu le coup de foudre pour la trompette dès qu’elle s’est initiée à l’instrument dans la fanfare de son école, au primaire. Elle a un Baccalauréat ès arts en musique de l’Université de Regina et une Maîtrise en musique de l’Université McGill.
Karen a été trompette solo d’Orchestra London (Canada) de 1994 à 1996, période où elle s’est produite avec de nombreux ensembles dans le sud-ouest de l’Ontario.
Depuis son arrivée à Ottawa en 1996, elle a pris part à de nombreux concerts et a donné des entrevues sur les ondes de Radio-Canada et CBC Radio, et s’est produite au Festival de musique de chambre d’Ottawa, avec le Quintette de cuivres Rideau Lakes et avec le grand ensemble Capital BrassWorks. Elle est d’ailleurs soliste sur le troisième album de Capital BrassWorks, paru en 2008 sous le titre Gabriel’s Sister.
La trompettiste s’est produite avec divers groupes allant d’orchestres professionnels à des harmonies scolaires, en passant par des ensembles communautaires de musiciens amateurs. C’est ainsi qu’on a pu l’applaudir avec l’Orchestre du Centre national des Arts, le Thirteen Strings Chamber Orchestra, les orchestres symphoniques de Kingston et de Saskatoon, Orchestra London, le Hannaford Silver Street Band, le Maple Leaf Brass Band, le Parkdale Orchestra et le Regina Catholic Schools Honour Band.
L’éducation musicale continue d’occuper une place importante dans sa carrière. Sa collaboration avec le Quintette de cuivres Rideau Lakes et Capital BrassWorks donne lieu à des concerts éducatifs et des ateliers dans les écoles. Dans le cadre du programme Vive la musique du CNA, Karen Donnelly a donné des ateliers de maître en Suisse, au Mexique, en Chine, aux États-Unis, au Royaume-Uni et dans toutes les régions du Canada. Elle enseigne depuis 2002 à l’Université d’Ottawa et collabore depuis 2009 avec le programme OrKidstra de la Leading Note Foundation.
Studio de musique ancienne de Montréal, choir
Acclamé pour ses « textures enveloppantes et ses sonorités lumineuses et envoûtantes », le Studio de musique ancienne de Montréal (SMAM) s’est taillé, depuis presque cinquante ans, une place de choix dans le milieu musical du Québec et du Canada. Fondé en 1974 par Christopher Jackson, Réjean Poirier, et Hélène Dual et placé aujourd’hui sous la direction musicale d’Andrew McAnerney, le SMAM est formé de 12 à 18 chanteurs professionnels choisis pour la pureté et la clarté de leurs voix. Le SMAM a produit au fil d’un demi-siècle une remarquable discographie. Le dernier enregistrement, L’Homme armé, est consacré aux maîtres franco-flamands de la polyphonie. Il est paru sous etiquette ATMA Classique (février 2021).
Soprano 1
Stephanie Manias*
Megan Chartrand
Soprano 2
Marie Magistry
Geneviève Gates-Panneton
Alto 1
Marie-Andrée Mathieu
Alexandra Asher
Alto 2
Josée Lalonde*
Elizabeth Ekholm
Ténor 1
Michiel Schrey*
Kerry Bursey
Ténor 2
Jean-Sébastien Allaire
Justin Jaela
Basse 1
Normand Richard*
Alain Duguay
Basse 2
John Giffen
François-Nicolas Guertin
*Choriste-soliste
Alliance internationale des employés de scène et de théâtre