Depuis sa création en 1969, l’Orchestre du CNA reçoit des éloges pour la passion et la clarté de ses interprétations, pour ses programmes éducatifs novateurs et pour son apport à l’expression de la créativité canadienne. Sous la direction du Directeur musical Alexander Shelley, l’ensemble propose chaque saison une série complète de concerts d’abonnement au Centre national des Arts qui mettent en vedette des artistes de réputation internationale, tels James Ehnes, Angela Hewitt, Joshua Bell, Xian Zhang, Gabriela Montero, Stewart Goodyear, Jan Lisiecki et le premier chef invité John Storgårds.
Alexander Shelley a amorcé son mandat à la direction musicale de l’Orchestre du CNA en 2015, succédant à Pinchas Zukerman, qui a été aux commandes de l’ensemble pendant 16 saisons. Premier chef associé du Royal Philharmonic Orchestra, Shelley a été le premier chef de l’Orchestre symphonique de Nuremberg de 2009 à 2017. Demandé partout dans le monde, il a dirigé entre autres la Philharmonie de Rotterdam, DSO Berlin, le Leipzig Gewandhaus et la Philharmonie de Stockholm, et il maintient des liens avec la Deutsche Kammerphilharmonie et l’Orchestre national des jeunes d’Allemagne.
Les tournées nationales et internationales sont depuis toujours une caractéristique distinctive de l’Orchestre du CNA. L’ensemble a fait 95 tournées depuis sa création, ce qui comprend des arrêts dans 120 villes canadiennes, 20 pays et 138 villes du monde. Au cours des dernières années, l’Orchestre a effectué des tournées de concerts et d’activités éducatives au Canada, au Royaume-Uni et en Chine. En 2019, il a célébré son 50e anniversaire par une tournée européenne de sept villes en Angleterre, en France, aux Pays-Bas, au Danemark et en Suède, où il a mis en valeur le travail de six compositeurs canadiens et offert une série de concerts et d’activités éducatives.
Depuis son inauguration, l’Orchestre du CNA a commandé plus de 80 nouvelles œuvres, la plupart à des compositeurs canadiens. L’Orchestre a enregistré pour la radio plusieurs de ses 80 œuvres de commande, et en a diffusé plus d’une quarantaine à des fins commerciales. Parmi celles-ci, citons le disque des concertos pour piano de Mozart enregistré avec Angela Hewitt et primé aux JUNO en 2015, l’œuvre révolutionnaire Réflexions sur la vie, qui comprend la pièce My Name is Amanda Todd de Jocelyn Morlock, couronnée Composition classique de l’année aux JUNO 2018, et l’album finaliste aux JUNO 2019 Nouveaux Mondes, sur lequel paraît Golden Slumbers Kiss Your Eyes… d’Ana Sokolović, lauréate du JUNO de la Composition classique de l’année (2019).Son concert-midi sur la Colline du Parlement pour la fête du Canada l’an dernier a été diffusé en direct sur les ondes de CBC.
Alexander Shelley a succédé à Pinchas Zukerman à titre de directeur musical de l’Orchestre du Centre national des Arts du Canada en septembre 2015. Depuis, l’ensemble a été qualifié de « transformé », « passionné », « ambitieux » et « déchaîné » (Ottawa Citizen), et classé, du jour au lendemain, parmi les plus audacieux en Amérique du Nord (magazine Maclean’s) pour sa programmation.
Né à Londres en octobre 1979, Alexander Shelley, fils de célèbres pianistes concertistes, a étudié le violoncelle et la direction d’orchestre en Allemagne. Il s’est d’abord signalé en remportant à l’unanimité le Premier prix au Concours de direction d’orchestre de Leeds en 2005. La critique l’a décrit comme « le jeune chef d’orchestre le plus passionnant et le plus doué à avoir récolté ce prix hautement prestigieux. Sa technique de direction est sans faille; tout dans son approche est d’une clarté cristalline et s’inscrit dans une musicalité innée. » En août 2017, M. Shelley a terminé son mandat à la direction du Nürnberger Symphoniker, poste qu’il occupait depuis septembre 2009. La critique aussi bien que le public ont salué cette association, la qualifiant de période glorieuse au cours de laquelle le jeu, le volet éducatif et les activités de tournée de l’orchestre ont subi une véritable transformation. L’ensemble a notamment donné des concerts en Italie, en Belgique et en Chine, en plus d’accepter de retourner au Musikverein de Vienne.
En janvier 2015, M. Shelley a été nommé premier chef associé du Royal Philharmonic Orchestra de Londres, pour qui il est le conservateur d’une série annuelle de concerts au Cadogan Hall et avec qui il effectue des tournées nationales et internationales.
Décrit comme « un communicateur né sur le podium comme dans la vie civile » (Daily Telegraph), il œuvre régulièrement avec les plus grands orchestres d’Europe, des Amériques, d’Asie et d’Australasie, dont l’Orchestre du Gewandhaus de Leipzig, le Deutsche Symphonie-Orchester Berlin, l’Orchestre de la Suisse Romande, les orchestres symphoniques de Göteborg, São Paulo, Melbourne et la Nouvelle-Zélande, et les orchestres philharmoniques de Stockholm, et Hong Kong. Cette saison, il fait ses débuts avec l’Orchestre symphonique de Sydney, l’Orchestre National de Belgique, l’Orchestre Métropolitain de Montréal, l’Orquesta Sinfonica de Valencia et l’Orchestre symphonique de Milwaukee, en plus de retourner diriger le MDR Sinfonieorchester de Leipzig, l’Orchestre philharmonique du Luxembourg et l’Orchestre symphonique de Tasmanie. Il entamera aussi, à la barre de l’Orchestre du CNA, une importante tournée en Europe qui fera escale, entre autres, à Londres, Paris, Stockholm et Copenhague.
Au cours de la dernière saison, il a notamment fait ses débuts avec les orchestres philharmoniques d’Helsinki et de Varsovie et l’Orchestre symphonique de Bamberg, et il est apparu pour la première fois au Festival d’Aspen au Colorado. Il était aussi de retour au podium du Konzerthausorchester de Berlin et du RTE National Symphony Orchestra, en plus de se produire de nouveau au Festival Tivoli avec l’Orchestre philharmonique de Copenhague.
Sur la scène lyrique, M. Shelley a dirigé en 2015 La Veuve joyeuse ainsi que le Roméo et Juliette de Gounod (Opéra royal danois), La Bohème (Opéra Lyra/Centre national des Arts), Iolanta (Deutsche Kammerphilharmonie de Brême), Così fan tutte (Montpellier) et Les Noces de Figaro (Opera North). En 2017, il a été à la tête d’une coproduction de l’opéra Louis Riel de Harry Somers avec l’Orchestre du CNA et la Compagnie d’opéra canadienne.
M. Shelley a remporté en 2016 le prix ECHO pour son deuxième enregistrement sous l’étiquette Deutsche Grammophon, Peter and the Wolf, de même que le prix ECHO et le Deutsche Grunderpreis à titre de directeur artistique du projet visionnaire d’engagement local Zukunftslabor, du Deutsche Kammerphilharmonie de Brême, qui utilise la musique comme source de cohésion sociale et d’intégration. À titre de fondateur et directeur artistique de la Schumann Camerata et de la série avant-gardiste 440Hz à Düsseldorf, et à la faveur du rôle de leadership qu’il a joué à Nuremberg, Brême et Ottawa, M. Shelley cherche constamment à inspirer les futures générations de musiciens et les auditeurs de musique classique. Il a dirigé l’Orchestre national des jeunes de l’Allemagne lors de nombreuses tournées et travaille tous les ans avec des milliers de jeunes dans le cadre de projets de rayonnement. Il fait régulièrement des présentations instructives et passionnées sur ses programmes avant et après les concerts. Il participe aussi à des entrevues et produit des fichiers balados sur le rôle de la musique classique dans la société. Il a en outre dirigé et présenté de nombreux concerts en plein air. À Nuremberg notamment, au cours des neuf dernières années, il a attiré plus d’un demi-million de personnes aux concerts annuels du Klassik Open Air, le plus grand événement de musique classique d’Europe.
Le poste de directeur musical bénéficie du soutien d’Elinor Gill Ratcliffe, C.M., O.N.L., LL.D. (hc)
Florence B. Price (1887–1953)
Florence Price était une compositrice, pianiste, organiste et pédagogue américaine. Elle a produit un catalogue de plus de 300 pièces, dont des œuvres pour orchestre, pour différentes combinaisons d’ensembles de chambre, pour chœur, pour voix et piano, pour orgue, et pour piano seul. Ses compositions mêlent souvent les traditions musicales américano-européennes avec des éléments tirés de son héritage afro-américain, dont des mélodies qui font écho à celles de spirituals.
De son vivant, Price est devenue la première femme afro-américaine à être reconnue comme compositrice de musique symphonique. Toutefois, en dépit de ses succès d’estime, elle a peiné à faire exécuter régulièrement ses œuvres, et elle ne cachait pas le fait qu’être une femme et une Noire constituaient des obstacles majeurs. Une grande partie de son catalogue est plus ou moins tombée dans l’oubli après sa mort, mais depuis quelques années, de nouvelles recherches sur sa vie et son œuvre et un regain d’intérêt pour ses compositions dans la programmation des concerts ont commencé à éclairer sous un jour nouveau ses apports à la musique américaine.
Florence Price (née Smith) est née à Little Rock, dans l’Arkansas, le 9 avril 1887, dans une période où la suprématie blanche avait été rétablie dans les États du Sud. Sa mère fut sa première professeure de musique et cultiva son talent avec soin. Price poursuivit par la suite des études de composition au New England Conservatory de Boston, l’une des rares institutions qui acceptaient des Afro-américains à l’époque. Après avoir obtenu ses diplômes en orgue et en piano, elle retourna dans le Sud pour enseigner et composer. En 1928, pour échapper à la discrimination raciale croissante qui sévissait à Little Rock, Price et sa famille ont déménagé à Chicago. C’est dans la ville des vents que sa créativité s’est épanouie : elle a décroché des prix et des contrats d’édition pour ses pièces pour piano, écrit des chansons populaires pour les radios commerciales, et arrangé des spirituals en vue de concerts. En 1931, elle a commencé à écrire des symphonies. Sa Symphonie en mi mineur a remporté le prix de la fondation Wanamaker en 1932, et elle a subséquemment été exécutée par l’Orchestre symphonique de Chicago, sous la direction de Frederick Stock, devenant ainsi la première œuvre d’une compositrice noire jouée par un orchestre américain de premier plan.
Le succès de sa Symphonie en mi mineur a consolidé la renommée de Price, et ses œuvres pour orchestre ont par la suite été jouées par des ensembles comme l’Orchestre symphonique de Chicago, l’Orchestre symphonique de Detroit, l’American Symphony Orchestra, et l’Orchestre symphonique de Pittsburgh. Des chanteuses aussi célèbres que Marion Anderson et Leontyne Price ont interprété ses mélodies, et ses pièces pour orgue et pour piano, instruments qu’elle enseignait également, ont été jouées régulièrement. Price est demeurée active comme compositrice et enseignante jusqu’à sa mort, à Chicago, le 9 juin 1953.
Rédigée par Hannah Chan-Hartley, Ph. D.
Franz Schubert (1797–1828)
Au cours de son existence terriblement brève, le compositeur autrichien Franz Peter Schubert a été d’une fécondité peu commune, et son apport s’est révélé particulièrement marquant dans les domaines de la musique vocale (surtout le lied allemand), de la musique pour piano, de la musique de chambre et de la musique pour orchestre. Pour sa musique instrumentale plus précisément, il a pris appui sur les techniques mises au point par Haydn, Mozart et, plus tard, Beethoven, tout en les façonnant de manière à véhiculer des expressions émotionnelles d’une profondeur inédite. Son style de composition si particulier se distingue notamment par les changements inattendus de tonalité, les juxtapositions harmoniques novatrices, les structures formelles relâchées et l’ampleur lyrique des mélodies.
Né à Vienne le 31 janvier 1797, Schubert reçoit ses premières leçons de piano, de violon, de chant et d’orgue dans son enfance. Ses dons pour la composition sont déjà manifestes dans les premières de ses œuvres qui soient parvenues jusqu’à nous – dont des quatuors à cordes et sa première symphonie – écrites à treize ans. Conscient, toutefois, de la précarité d’une carrière de compositeur indépendant, il obtient son brevet d’enseignant et décroche un poste à l’école de son père. Malgré les exigences de ce travail à temps plein, il continue de composer à un rythme vertigineux : dès 1816, alors qu’il n’a pas encore vingt ans, il a déjà écrit plus de 300 lieder, cinq symphonies, quatre singspiele (un type d’opéra-comique allemand), sept quatuors à cordes, et de nombreuses pièces de moindre ampleur. Toutefois, la reconnaissance du public consécutive à l’exécution et à l’édition de ses œuvres devra attendre après 1817.
Dès 1822, Schubert prend son envol comme compositeur professionnel. Son extraordinaire production, accomplie grâce à un horaire de travail exigeant, n’a d’égale que l’intensité avec laquelle il s’adonne à une vie sociale hédoniste et probablement libertine. Au début de 1823 apparaissent les premiers symptômes de la syphilis, dont les manifestations physiques l’amèneront à toujours plus de réclusion. Son œuvre musicale n’en souffrira pas, cependant, et au cours des quatre années suivantes, qui seront les dernières de sa vie, il compose plusieurs de ses principaux chefs-d’œuvre, dont le Quatuor à cordes en ré mineur (« La jeune fille et la mort »), la Neuvième symphonie (« La Grande »), la Sonate pour piano en ré majeur, et le cycle de lieder Die Winterreise. Schubert meurt à Vienne le 19 novembre 1828. La majeure partie de son vaste catalogue de compositions n’apparaîtra au grand jour qu’après sa mort.
Lien(s) vers le portrait du compositeur :
https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Franz_Schubert_by_Wilhelm_August_Rieder_1875.jpg
https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Schub-CC.jpg
Igor Stravinsky (1882–1971)
Le compositeur russe Igor Stravinsky est l’une des figures marquantes de la musique du XXe siècle, et son œuvre compte encore parmi les plus jouées de nos jours. Son catalogue embrasse, entre autres, le ballet et l’opéra, les pièces pour orchestre, les mélodies, les œuvres chorales, et les compositions pour formations de chambre et instruments seuls. Dans l’ensemble, l’œuvre de Stravinsky présente une grande diversité de styles, témoignant de son intérêt pour un certain nombre d’évolutions musicales majeures de la période, qu’il a absorbées : du nationalisme russe haut en couleur de ses premiers ballets, il passe successivement à un style agressivement avant-gardiste pendant la Première Guerre mondiale, puis à un néoclassicisme épuré entre les années 1920 et 1950, jusqu’au dodécaphonisme sériel de ses dernières compositions.
Stravinsky naît le 17 juin 1882 à Oranienbaum (aujourd’hui Lomonosov), près de Saint-Pétersbourg. Troisième fils de Feodor, l’un des barytons-basse les plus en vue de Russie, le jeune Igor grandit entouré de musiciens et de compositeurs qui fréquentent l’appartement de ses parents, où il a aussi accès à la vaste collection de partitions musicales de son père. Il fait son entrée à l’Université de Saint-Pétersbourg comme étudiant en droit, bien qu’il aspire plutôt à étudier la musique. Il y viendra à son rythme, prenant d’abord des leçons auprès d’élèves de Rimski-Korsakov, puis du maître lui-même. En 1910, Stravinsky est catapulté vers la gloire avec la création, à l’Opéra de Paris, de son ballet L’oiseau de feu, qui marque la première de ses nombreuses collaborations avec l’impresario Serge Diaghilev et ses Ballets Russes. Petrouchka suivra en 1911 et, en 1913, Le sacre du printemps – une partition saisissante, agressive et dissonante, qui deviendra l’une des œuvres phares du modernisme musical du début du XXe siècle.
Après avoir fait l’essai de plusieurs techniques d’avant-garde, Stravinsky amorce une longue période au cours de laquelle il composera dans un style « néoclassique ». Dans ces compositions, il insuffle un nouvel élan à des formes et des procédés du XVIIIe siècle, en y intégrant ses propres méthodes d’écriture harmonique et rythmique. Cette mutation artistique coïncide avec son départ de sa Russie natale pour la France en 1920, et se poursuivra quand il immigrera aux États-Unis en 1941. Vers la fin des années 1950, Stravinsky se tourne vers la technique du sérialisme, qui formera la base de ses dernières compositions. Au fil de ces décennies, il ne perd pas de vue les concerts, se produisant comme pianiste et chef d’orchestre dans ses propres œuvres. Stravinsky s’éteint à New York le 6 avril 1971. Il est enterré dans l’île-cimetière de San Michele, à Venise, tout près de la tombe de Serge Diaghilev.
Lien(s) vers le portrait du compositeur :
https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Igor_Stravinsky_LOC_32392u.jpg
https://loc.getarchive.net/media/igor-stravinsky