Cécile McLorin Salvant

Cécile McLorin Salvant

Festival de jazz d’Ottawa TD

2022-06-24 19:00 2022-06-24 20:00 60 Canada/Eastern 🎟 CNA : Cécile McLorin Salvant

https://nac-cna.ca/fr/event/31189

Événement en personne

Les fantômes qui jouent les rôles principaux dans le rhapsodique Ghost Song de Cécile McLorin Salvant ne sont pas ceux d’Hollywood. Ils sont plus proches, par leur tempérament, des présences fugaces et insaisissables que célébrait Emily Dickinson dans ses vers : « Pour être hanté, nul besoin de chambre, nul besoin de maison.
Le cerveau a des couloirs, pires qu’un lieu matériel. »...

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Studio Azrieli ,1 rue Elgin,Ottawa,Canada
ven 24 juin 2022
19 h HAE
Cet événement est passé
Cécile McLorin Salvant
Musique Jazz Festival
  • Événement en personne
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Les fantômes qui jouent les rôles principaux dans le rhapsodique Ghost Song de Cécile McLorin Salvant ne sont pas ceux d’Hollywood. Ils sont plus proches, par leur tempérament, des présences fugaces et insaisissables que célébrait Emily Dickinson dans ses vers :

« Pour être hanté, nul besoin de chambre, nul besoin de maison.
Le cerveau a des couloirs, pires qu’un lieu matériel. »

Ghost Song, le premier album de Salvant chez Nonesuch, explore les nombreuses hantises des gens, notamment les souvenirs persistants, les routes non empruntées, les fantômes réels et imaginaires. Ses chansons intenses, d’une évocation inquiétante, traitent des âmes vivantes confrontées aux tourments de l’absence. Certains personnages regrettent des êtres chers partis trop tôt, d’autres sont troublés par les vestiges d’un amour disparu, d’autres encore sont paralysés par le sentiment du temps qui s’écoule à toute allure.

Il s’agit d’une œuvre conceptuelle à couper le souffle, entièrement réalisée par une artiste dont la trajectoire évolue à la vitesse de l’éclair. Née à Miami, en 1989, Salvant étudie le piano dès ses cinq ans, chante dans une chorale d’enfants à huit ans, puis suit des cours de chant classique. Pendant ses études supérieures en France (sa mère est Française et son père Haïtien), elle entreprend un double programme : le droit français dans une université et la musique baroque et le jazz au Conservatoire Darius Milhaud. Bien qu’à l’époque elle n’ait pas l’intention de chanter professionnellement, elle participe au concours Thelonious Monk en 2010 et le remporte.

S’ensuit une série de cinq albums acclamés, chacun plus audacieux que le précédent. Pourtant, rien de ce que Salvant fait ne peut préparer les auditeurs à l’intensité viscérale, à l’écriture concise mais prismatique, et aux atmosphères qui s’affranchissent des genres de Ghost Song. L’œuvre s’appuie sur les outils que cette chanteuse, compositrice, lauréate de plusieurs Grammy et membre de la Fondation MacArthur a utilisés dans le passé, mais de manière nouvelle et déchirante. C’est, dans le sens le moins désinvolte possible, le rare départ qui est aussi une arrivée.

Ghost Song contient des pièces originales riches en images de Salvant et des chansons de Kate Bush, Gregory Porter, Sting, Harold Arlen et Kurt Weill, remaniées de manière radicale. Chaque pièce décrit un type différent d’engagement avec des esprits troublés et s’inscrit dans une atmosphère musicale détaillée et très spécifique. Dans un éventail stylistique étonnant, des chansons sentimentales et mélancoliques en tonalité mineure côtoient des dialogues argumentés de théâtre musical à la Sondheim, des mélodies folkloriques anciennes et des méditations jazz spacieuses (et d’une harmonie complexe).

Salvant a créé Ghost Song au début de la pandémie et l’a enregistré d’une manière nécessairement disparate, comme tout autre projet créatif réalisé durant le confinement. Selon ses dires, ce travail était à la fois frustrant et thérapeutique. Mais cela ne l’a pas préparée au défi qu’elle a dû relever une fois l’enregistrement terminé : trouver la meilleure façon de lever le rideau sur un cycle de chansons consacré aux fantômes, aux besoins émotionnels des présences fantômes et à la nature même de la communication avec les esprits.

Le choix logique s’est porté sur une chanson I Lost My Mind, incantation dans la voix robotique détachée de Salvant, avec des harmonies intérieures tendues de type vocodeur, rehaussées par les voix prudentes d’Aaron Diehl à l’orgue à tuyaux.

Salvant aime l’honnêteté de la révélation. « Commencer un album de cette façon, c’est essentiellement dire « Hey, je sais que c’est différent ». Parce qu’une fois que vous dites « j’ai perdu la tête », vous pouvez alors faire n’importe quoi. Après ça, il n’y a aucune attente en ce qui concerne la suite des choses. »

La chanson immortalise un point de basculement durant le confinement. Salvant se rappelle qu’elle était dans son appartement de Brooklyn, marchant et faisant les cent pas, essayant parfois simplement de comprendre son état émotionnel. « C’était l’une de ces nuits où j’avais juste envie de crier, mais où je n’arrivais pas à comprendre pourquoi. Suis-je anxieuse? Ou excitée? Est-ce que je me sens simplement enfermée? Je ne savais même plus pourquoi je voulais crier... Finalement, j’ai senti qu’il était bon de faire ce qui était complètement fou et de ne pas s’inquiéter si les gens pensent que vous avez perdu la tête pour l’avoir fait. »